Blow In
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Gustav Möller s'attache à mettre en plein écran, Jacob Cedergren (Submarino de Thomas Vinterberg), pour un thriller minimaliste et incessamment téléphonique.
Unité de lieu et de personnage, plans fixes et rapprochés , teintes et décors froids, mais surtout un travail sur la tension par le hors champs et la seule bande sonore. Les sons multiples où tous, amplifiés, contribuent à créer un climat anxiogène. On navigue à vue, à l'instar du policier, simple auditeur du drame qui se joue et pourtant l'immersion, et la nette visualisation de l'extérieur, par les seuls sons, est une réussite.
Asger Holm un policier muté au standard du 112, est bien l'objet de l'intrigue, l'appel téléphonique d'une femme en détresse, Iben, ne servira qu'à nous dévoiler son histoire, sa problématique et sa personnalité. De là se croisera son travail à résoudre l'énigme et celui de son propre cheminement, pour une intrigue en miroir.
Ce policier aux colères irrépressibles, entrecoupés de questionnement silencieux, peu sympathique avec ses collègues, mais profondément empathique, signe l'ambiguïté du personnage et du métrage.
Casque aux oreilles, gestion aléatoire, refus de l'information, de la hiérarchie et du dialogue, à la limite de l'obsession pour sauver Iben. Jouant sur l'enfermement l'homme l'est autant que la jeune femme séquestrée, sans solution semble-t-il à chacun de s'en sortir et où le cinéaste déroulera habilement son suspense autour de la culpabilité.
Le genre huis-clos a vu déferler ces dernières années tout un panel de situations utilisant souvent les mêmes ressorts scénaristiques, se servant du thriller pour poser l'ambiance et les thématiques dérivant ostensiblement vers des intrigues plutôt moralisatrices,
Malgré l'acteur toujours convaincant, on y échappe pas toujours et la déception arrive en seconde partie par une résolution un tantinet décevante tant les twists se devinent et que le réalisateur aura tenter de nous perdre par les dialogues nous intimant à ne pas nous laisser berner par nos propres ressentis au seul argument de l'écoute.
C'est le bémol finalement qui gâche ce que aurait pu faire de cet exercice de style, une revisite du genre réussie, mais le charme opère par l'absence de spectaculaire et force notre attention sur le rapport à la subjectivité.
Pour un premier film un réalisateur à suivre.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Un retour sur les remake et leurs originaux
Créée
le 9 déc. 2018
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