Blow In
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En voyant l'affiche de The Guilty on pourra croire qu'il s'agit d'un énième thriller de nos amis d’Amérique du nord, mais là où il faut se détromper c'est qu'en dépit de son nom américanisé (encore une technique de merchandising française pour vous pousser à voir des films Danois, les salauds) il ne s'agit pas là d'un film sans ambition.
S'agissant visiblement du premier long métrage du réalisateur Gustav Möller on peut applaudir l'essai filmique parvenant à transporter le spectateur en dehors de l'espace confiné dans lequel se passe toute l'action. Car il s'agit bien ici d'un huis clot durant lequel Asger Holm, membre de la police, sera témoin d'un appel au 212 l'amenant à rechercher une femme s'étant faite enlevée. Si le pitch de départ peut lui aussi semblé éculé c'est la mise en scène qui va ici poser toute la magistrat du film, celui-ci ne se déroulant qu'au travers des différents appels que va passer le protagoniste. Asger Holm est dès le départ défini comme un outsider de ce groupe d'aide par appels, mis à l'écart de la bande principale, il est le seul à se retrouver habillé dans un costume noir là où tous les autres agents du poste portent le costume de policier traditionnel au pays. Pour l'agent enfermé dans ce poste aux allures rectangulaires, nous rappelant sans arrêt la cadrature et le sérieux dont il faut faire preuve; il est encore dur de gérer son rapport aux autres, amis comme supérieurs. Il est seul face aux responsabilités qui l'attendent, l'emphase seule est faite sur lui par une mise au point ne révélant que son personnage et ce qui l'entoure, nous empêchant de prêter quelconque attention au reste. C'est ainsi que toute l'enquête va trouver une forte résonance dans ce qu'elle fait ressortir d'humain de ce personnage aux allures premièrement insipides.
Durant les 1h25 que dure le film va monter une tension qui sera reconnaissable dans l'évolution que prendra la mise en scène, tout d'abord dans une salle lumineuse le policier va choisir de s'écarter dans un espace plus confiné plus sombre, dans lesquels il sera prêt à accepter les révélations qui vont se faire à lui, éclairé par la seule lumière blafarde de son ordinateur. C'est au fond de ces méandres que les prouesses d'écriture vont se dénouer pour faire parvenir l'enquête à une résolution acharnée, palpable par la chaleur et la sueur qui suintent sur le front du protagoniste. La lueur rouge, signal d'alarme des appels, sera à la fin du film la représentante de l'ironie de cette situation satirique poussée à son extrême.
Aux défauts du film je pointerai deux points, le background de notre personnage principal trop peu développé pour réellement nous amener à ressentir une empathie envers ce qu'il vit au dehors de cette histoire. Ainsi qu'un manque de repères temporels, certainement un choix artistique mais qui à mon goût nous prive d'une réelle sensation de course contre le temps, nous privant alors d'une touche de suspens supplémentaire.
Après son dénouement glaçant il est fort à penser que The Guilty est avant tout un film sur le mal de l'humanité qui ressort en tous, et c'est ainsi que la violence sonore pousse chacun dans la manière la plus primitive de créer des histoires, en les imaginant.
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le 3 sept. 2018
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