Blow In
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Den Skyldige (Le coupable), titre original, est traduit en français par The guilty ; trouvez l’ânerie.
Cet époustouflant thriller psycho-téléphonique danois nous fait passer 1h20 intégralement sur la table d’écoute d’un flic du 112, entre ses téléphones, son ordinateur, son intelligence, sa réactivité, son intuition, et son sang-froid. Sacré défi de parvenir à capturer la tension comme l’attention du spectateur le temps d’une soirée, jouant complètement sur la déduction et l’imagination intimes de chacun d’entre nous, instruments parfaits pour embraser nos peurs, conceptions et compréhensions.
Ca démarre par l’appel d’une femme apparemment enlevée par son ex et transbahutée on ne sait où dans une camionnette vers une destination inconnue. Puis celui passé à son domicile où sont restés seuls leurs fillette et bébé. Ponctuée d’appels aux autres centraux téléphoniques et à des collègues sûrs, la violence vire soudain au sinistre au contact du ravisseur présumé. La justification du titre greffe à ce cauchemar la torture de la culpabilité du héros, expliquant peut-être son acharnement jusqu’auboutiste.
Mieux encore que dans Phone game qui s’agrémentait par d’autres actions et personnages alentours, l’émotion ne dépend ici que des ouvertures données par étapes et des révélations plus vertigineuses à chaque acte. La proverbiale science de l’horreur glacée des films nordiques touche ici un sommet par sa sobriété, sa franchise sémantique dure, minimaliste, droite, extraordinairement humaine, et ébranlée à chaque nouveau couperet.
Pratiquement pièce de théâtre intime aux bouleversements successifs, tout en suggestions et déductions, ce bijou d’effroi présente l’originale prestation de pratiquement un seul acteur, et encore, une voix, des yeux, de nombreux plans rapprochés, à peine accompagnée de quelques rapports dérisoires avec les collègues autour, dans un film qui a le génie de nous obliger à l’incarner de notre propre imagination. L’incroyable qualité des tons, intonations, vibrations et sentiments, exhalés par les voix extraordinaires du héros comme des cinq autres protagonistes composent une grosse part qualitative de cette chronique. Je n’ose même pas imaginer le saccage, le grossier outrage, que serait une version doublée.
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Créée
le 20 déc. 2018
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