Gonzalo Lopez-Gallego est un réalisateur Espagnol dont le fait d’arme le plus connu est sans doute Open Grave dans lequel un homme se réveille dans une fosse remplie de cadavres au milieu de nulle part. Le reste de sa filmographie est passé nettement plus inaperçu, aussi bien ses premiers films espagnols que ceux qu’il a faits aux États-Unis. Et pourtant, l’un d’eux nous propose un casting des plus intéressants puisqu’on y trouve Patrick Wilson (les saga Conjuring / Insidious), Ian McShane (John Wick, la série Deadwood), John Leguizamo (Romeo + Juliette, Summer of Sam) ou encore Jim Belushi (Double Détente, Chien de Flic). Ce film, c’est Desert Gun, The Hollow Point en VO, et il est passé complètement sous les radars, aussi bien aux États-Unis que chez nous, malgré une sortie blu-ray dans nos contrées dont les stocks ont rapidement fini chez les déstockeurs. Et pourtant, nous sommes en présence d’un sympathique petit polar qui, bien qu’il ne paie pas de mine sur le papier, permet de passer un bon moment.


Comme point de départ de l’histoire, le commerce illégal d’armes entre les USA et le Mexique, avec en prime des policiers cassés par la vie, un homme d’affaires louche, un tueur professionnel adepte de la machette, et une petite ville perdue du Sud des États-Unis. Une ambiance qui rappelle des films tels que No Country for Old Man, Cold in July, ou plus récemment The Last Stop to Yuma County. Nous sommes ici dans un thriller assez brutal, avec une chasse à l’homme sans merci où un shérif va désespérément tenter de garder une longueur d’avance sur l’homme qu’il recherche, mais dont la poursuite ininterrompue de cette chasse sanglante ne va faire que semer le chaos et faire des victimes au fur et à mesure que le tueur à gages qu’il recherche se rapproche. Néo-western indépendant à petit budget qui parlera à tous ceux qui aiment ces ambiances désertiques du sud des États-Unis façon Texas ou Arizona, Desert Gun est tourné dans un paysage poussiéreux, baigné de soleil, de parcs de caravanes, d’environnement parfois un peu sordides ou de constructions inachevées. Le réalisateur espagnol peaufine cette ambiance un peu désolée, où la méchanceté ambiante se ressent jusque dans ces décors. La photographie est vraiment soignée et on sent une réelle envie de faire quelque chose d’assez esthétique dans son genre, bien que le montage soit parfois un peu bâclé. Mais ce qui ressort, c’est un ton macabre et nihiliste qu’on aimerait voir plus souvent dans ce genre de petite série B sans concession. Car très rapidement, on est frappé par la brutalité et la violence du film et certaines scènes sont assez viscérales. Balle dans la tête, membre coupé, corps criblés, mais jamais gratuitement et cette violence sèche nous accroche bien à notre écran car, très rapidement, on comprend qu’aucun cadeau ne sera fait aux personnages. Un peu de baston, un peu de combats à la machette, un peu de gunfight, et à chaque fois on est surpris par la brutalité de l’ensemble.


Desert Gun nous offre quelques performances très divertissantes et très vivantes, avec des acteurs qui se donnent à fond dans ces personnages souvent cassés. Ian McShane est parfait en vieux shérif devenu alcoolique mais ayant néanmoins la tête sur les épaules ; Patrick Wilson s’en sort parfaitement avec ce personnage de jeune shérif un peu trop droit qui va changer de point de vue lorsque son enquête va prendre des tournures bien trop violentes ; John Leguizamo est impeccable en tueur implacable bien que son rôle tarde un peu à être étoffé. Les personnages sont plutôt bien dessinés, suffisamment en tout cas pour qu’on ressente de l’empathie pour certains et de la haine pour d’autres (la base pour ce genre de film). Ils offrent tous ici une de leurs meilleures performances et Jim Belushi retrouve enfin un rôle à la mesure de son talent. Desert Gun comporte quelques surprises qui auraient pu être risquées mais qui fonctionnent. Ces rebondissements permettent sans cesse de relancer un récit qui met parfois à mal la suspension d’incrédulité bien qu’on voie cela dans de très nombreux films depuis plusieurs décennies. Dans l’absolu, ce n’est pas forcément gênant, sauf qu’ici, comme l’ensemble est parfois un peu décousu, l’effet est démultiplié. Disons que l’histoire est assez complexe et que les nombreux personnages sont interconnectés de différentes manières et on se perd parfois un peu si on n’est pas suffisamment attentif. Malgré tout, l’urgence se fait sans cesse sentir car le réalisateur sait comment maintenir une certaine tension. Bien qu’il soit très divertissant lors du visionnage, Desert Gun fait partie de ces films qu’on ne regarde qu’une fois car il n’a pas assez de substance et rien ne justifie un visionnage supplémentaire. Mais qu’importe au final car sur le moment, il fait son office et c’est bien ça le principal.


Petit thriller indépendant passé complètement sous les radars lors de sa sortie, Desert Gun reste néanmoins une sympathique petite bobine assez méchante, qui aurait réellement pu sortir du lot si sa construction avait été mieux gérée.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-desert-gun-de-gonzalo-lopez-gallego-2016/

cherycok
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le 22 août 2024

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