L’avant Mirage
Tsui Siu-Ming est une personnalité un peu particulière du cinéma de Hong Kong. Alors que beaucoup le considèrent comme un des meilleurs directeurs de l’action et chorégraphe de l’ex-colonie...
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le 4 oct. 2023
Tsui Siu-Ming est une personnalité un peu particulière du cinéma de Hong Kong. Alors que beaucoup le considèrent comme un des meilleurs directeurs de l’action et chorégraphe de l’ex-colonie britannique, il n’aura jamais réellement su s’imposer, sans doute parce qu’au milieu des années 80, il fait le choix de travailler en Chine Continentale plutôt que de rester à Hong Kong après l’échec au box-office de Gang Master (1982) qu’il signe pour la Shaw Brothers et The Fung Shui Master (1983), une comédie d’action qui n’aura pas convaincu le public. Avant son retour à Hong Kong en 1989 pour Mistaken Identity, il signe deux films en Chine continentale : Mirage (1987), une bobine à l’action complètement folle, et The Holy Robe of the Shaolin Temple (1985) qui nous intéresse ici, sorte de version continentale du Temple de Shaolin (1982) avec Jet Li. The Holy Robe of the Shaolin Temple, c’est ce genre de film qu’il a longtemps été compliqué de voir autrement que charcuté de nombreuses minutes et avec un doublage anglais immonde, le tout en qualité VHS. Mais aujourd’hui, de meilleures conditions sont réunies pour apprécier à sa juste valeur ce film oublié, certes pas parfait, mais ô combien recommandable pour tout amateur de films d’arts martiaux.
Tourné en mandarin puisque prévu à la base pour le marché chinois, The Holy Robe of the Shaolin Temple a malgré tout rencontré un joli petit succès au box-office HK à une période où le cinéma martial n’était plus en odeur de sainteté (ce qui a, en partie, causé la chute de la Shaw Brothers). Du coup, à l’instar de son petit frère Mirage, le casting du film est composé de parfaits inconnus (pour certains, c’est le seul et unique film) si ce n’est une caboche que les amateurs de tatane reconnaitront instantanément, Yu Rong-Guang qui aura une reconnaissance bien plus étendue grâce au Iron Monkey (1993) de Yuen Woo-Ping. Pour son deuxième film, et bien qu’il soit au final un peu sous-exploité, il incarne avec une certaine prestance le méchant du film. L’histoire du film en elle-même est assez générique, avec des moines Shaolin qui vont être persécutés par le gouvernement qui envoie un de ses hommes pour prendre le contrôle du temple. Mais les moines vont cacher la Sainte Robe qui permet d’avoir autorité sur le temple et va s’engager une course poursuite entre ces derniers et leurs assaillants. Rien d’original, vous l’admettrez, mais pourtant un film qui a envie de faire les choses en grand. Avec ses très beaux décors naturels de la Chine Continentale et ses très nombreux figurants, on a parfois l’impression d’être devant un Mirage avant l’heure. Aucune idée du budget alloué au film, mais on sent cette envie de Tsui Siu-Ming de faire une production d’envergure et, visuellement, c’est une réelle réussite. Le ton du film est relativement sérieux, rarement parasité par de l’humour qui n’aurait pas eu sa place ici. Il y a une tentative évidente de développer une atmosphère en plus de cette histoire, peut-être pour justement pallier à ce manque d’originalité ?
The Holy Robe of the Shaolin Temple est très bien rythmé. Les scènes d’action sont très nombreuses, avec des combats bien entendu mais aussi des courses poursuites et autres joyeusetés. Les chorégraphies sont d’un très bon niveau, rapides et acrobatiques, et les combats sont toujours filmés de manière à les mettre en valeur. Peu de coupes, des plans assez larges afin d’avoir une vue d’ensemble, c’est très bon à ce niveau-là (mais de la part de Tsui Siu-Ming, rien d’étonnant) et tout est fait pour mettre en valeur le talent martial des acteurs. Peut-être un peu trop. L’avalanche de saltos et autres pirouettes, rallongeant artificiellement les combats et les rendant un peu trop démonstratifs, pourra potentiellement en agacer certains car, alors que nous parlons ici d’action, ça a tendance à un peu casser le rythme. Tsui Siu-Ming oblige, on a également droit à quelques cascades assez folles, bien qu’elles fassent elles-aussi plus démonstration technique qu’autre chose. Nous sommes d’accord, c’est du chipotage et les amateurs de tatanes dans la gueule seront dans tous les cas aux anges, ne serait-ce que pour le final assez mémorable avec deux combats en parallèle, un 1vs2 et un plein vs plein. Certaines scènes sont réellement impressionnantes de maitrise, ne serait-ce que celle impliquant des centaines de chevaux, ou encore cette double immolation par le feu juste folle nous prouvant une fois de plus que les cascadeurs chinois / HK étaient complètement timbrés. Quelques problèmes viennent empêcher le film d’être un très bon film. L’histoire d’amour à sens unique ne sert à rien (avec à l’appui une chanson bien niaise et un flashback beaucoup trop long, surtout pour nous montrer des images qu’on a déjà vues), ou encore ces scènes de démonstrations martiales (lorsque les combattants s’entrainent) beaucoup trop nombreuses et ne servant pas le récit (une seule aurait suffi).
Deux ans avant son impressionnant Mirage (1987), Tsui Siu-Ming signe avec The Holy Robe of the Shaolin Temple un méconnu mais néanmoins très divertissant film de kung fu aux scènes d’action très bien fichues. A voir pour les amoureux d’arts martiaux.
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-the-holy-robe-of-the-shaolin-temple-de-tsui-siu-ming-1985/
Créée
le 4 oct. 2023
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