Cache-cache avec Mamie
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le 6 juil. 2014
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C'est rare de trouver de bons films d'horreur récents, mais dans ce domaine, un nom qui circule un peu est celui de Ti West, dont "House of the devil" m'a été conseillé par un ami. J'avais toutefois pleins de raisons de me méfier : son segment pour The ABCs of death avait été un énorme foutage de gueule, les avis sont très partagés pour tous ses films, il semble apprécié par cet imposteur d'Eli Roth, et puis plus généralement je me méfie des réalisateurs contemporains à la mode. On dit pas mal de bien d'un autre cinéaste du genre, Adam Wingard, notamment pour son You're next, qui était en fait un slasher complètement creux sans rien de nouveau... et dans lequel, tiens donc, Ti West était acteur !
... en fait, j'étais plus ou moins certain de ne pas aimer House of the devil, mais je voulais voir au moins un Ti West pour pouvoir juger.
J'avais lu qu'il y avait eu un beau travail de reconstitution de l'ambiance des 80's , mais j'ai quand même sérieusement cru pendant un instant m'être trompé de film. On croirait vraiment que House of the devil a été tourné à cette époque, voire dans les années 70, de par le grain de l'image, la déco, les costumes, la BO, le générique même, et le choix de casting, l'actrice principal ayant un petit air de Margot Kidder.
C'est bluffant, mais après, est-ce que c'était vraiment utile ? L'histoire aurait pu être racontée sans cet artifice, et même si le carton de début prétend que c'est basé sur des faits réels, il n'en est rien.
J'adore les 80's mais la vague d'"hommages" de ces dernières années, qui se réduit à de la reconstitution, me gonfle à force, quand c'est un gimmick vide de sens.
Quoi qu'il en soit, l'héroïne est Samantha, étudiante universitaire qui vient de trouver le logement dont elle rêvait, et pour payer son loyer, postule pour un job de babysitting. Elle est embauchée pour le soir-même, alors qu'une éclipse lunaire se prépare, et il s'avère que le boulot ne correspond pas vraiment à ce qui était prévu.
Pleins de petits détails s’avéraient étranges depuis le début, mais sans qu'il y ait de raisons concrètes de s'inquiéter, et ce pendant longtemps.
J'avais lu/entendu que les réalisations de Ti West sont des films d'ambiance... mais c'est quand même bien lent ! Le cinéaste fait traîner inutilement chaque séquence, à défaut d'avoir grand chose à raconter. Les discussions ne sont pas tellement intéressantes, au début du film Samantha circule longuement sur le campus pour aller d'un lieu/évènement à un autre. Puis elle attend. Et une fois seule dans la maison où elle doit faire son babysitting, là elle traîne encore à visiter les pièces pour passer le temps. Puis elle fait un peu la même chose, mais cette-fois en dansant, ses écouteurs sur les oreilles...
West essaye vaguement d'installer une ambiance inquiétante, mais soyons honnête : toutes les errances de Samantha ne sont que du remplissage, et le fond sonore atonal à lui-seul ne peut maintenir une réelle tension.
Alors il y a, à deux reprises, des plans "chocs", histoire de faire patienter le spectateur, mais l'héroïne de son côté est totalement inconsciente de ce qui se trame, et son plus gros moment d'horreur (avec sons tonitruants à la clé)... c'est quand elle tombe sur des touffes de cheveux dans la baignoire.
Ti West se fout un peu de notre gueule.
Concrètement, il ne se passe pratiquement rien avant les 20 dernières minutes (générique de fin inclus), et je comptais sur un twist final pour donner au film son intérêt. Que je comprenne l'engouement de certains, quoi. Or, le retournement n'a non seulement rien d'original, et correspond parfaitement à ce qu'on pouvait s'imaginer dès, euh... le carton de début, mais en plus c'est grotesque et ça parvient à rester mou. Par exemple, tandis que la captive se détache, on ne voit pas ce que font les autres en hors-champ, mais vu le temps que ça prend, ils restent vraisemblablement sur place à regarder.
J'ai pas trop compris non plus certains choix de mise en scène : quand les deux copines partent de la pizzeria au début, juste avant qu'elles ne quittent le cadre, il y a un raccord dans l'axe sur... pas grand chose. Un comptoir, une statuette de pizzaïolo posée dessus... (?)
House of the devil aurait peut-être fonctionné en court-métrage de 20mn ; au moins on aurait évacué tous les passages inutiles. Mais je n'aurais toujours pas compris l'utilité de l’œuvre.
Il n'y a absolument rien de nouveau qui justifie l'existence de ce film, au contraire on fait des efforts exagérés pour recopier ce qui se faisait il y a plus de 30 ans ; et en plus on s'ennuie.
Ça n'est pas mal fait, mais ça n'a aucun intérêt.
Créée
le 20 sept. 2016
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