Comment recoller les morceaux ? Comment se construire dans un monde qui tend à se détruire ? Deux questions auxquelles vient répondre The House of Us, nouvelle comédie dramatique sur l’enfance et la famille. Nous partons ici à la rencontre de trois petites filles : d’un côté Ha-na, 12 ans, dont les parents passent leur temps à se disputer et qui sont tout proches du divorce, et, de l’autre, Yoo-mi et Yoo-ji, deux sœurs plus jeunes dont les parents sont absents car missionnés sur la pose du papier peint dans un luxueux hôtel en construction loin de là. Leur rencontre, fruit du hasard, leur permet de se retrouver dans leurs problèmes familiaux communs et, quelque part, de se constituer leur propre famille.
The House of Us est un film plein de fraîcheur et de douceur. Il nous ramène à notre enfance, aux jeux, aux découvertes et à la débrouillardise. C’est l’image d’une enfance pleine d’énergie, d’envie mais, surtout, en quête de repères et qui n’a d’autre choix que de se construire son propre monde pour grandir et avancer. Car, avec ses tons très rosés et couleur pêche, The House of Us propose une ambiance douce, presque « bonbon », propice à la sérénité et à la candeur, mais cela ne l’empêche pas d’être plus grave dans son fond et de traiter de sujets sérieux concernant davantage le monde des adultes.
En effet, les petites filles sont victimes du mode de vie des parents, souvent très carriériste, faisant du travail leur priorité, mais aussi du décalage entre la perception du monde des adultes et celle des enfants. Les petites filles veulent juste réunir leurs familles respectives, et passer du temps ensemble. Les parents, eux, sont las, accaparés par leur travail, devenus incapables de communiquer avec leurs propres enfants, et, alors qu’ils avaient construit ces familles, ils les détruisent progressivement. The House of Us vient dont également intégrer des éléments liés au passage à l’âge adulte, montrant l’indépendance de ces petites filles, les confrontant au monde pour que, à travers ces nouvelles expériences, elles se bâtissent leur propre monde et leur propre vie, jusqu’ici balisée par leurs parents.
Dans son ensemble, The House of Us est un film très doux et drôle, porté par l’espièglerie de ces petites filles, remarquablement jouées par ces jeunes actrices pleines de naturel et auxquelles on s’attache tout au long du film. Mais la grande force du film, c’est d’être toujours capable d’associer à cette candeur des éléments plus sérieux et dramatiques, en conservant toujours le bon dosage et le bon équilibre pour qu’aucun des deux aspects ne domine trop. C’est donc sous ce beau rayon de soleil que se conclut ce 14ème Festival du Film Coréen à Paris, une touche de douceur et de fraîcheur bienvenue qui vient nous faire rire et nous émouvoir et vivre un beau moment.
Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art