Je venais de finir la critique de Splice quand je me suis soudain souvenu que j'avais zappé de faire la critique de The Human Centipede. Cela dit pour ma défense il faut savoir que le film n'a pas encore de sortie prévue en France et n'est disponible qu'en PPV (Pay-Per-View. Hein ? Bah VOD ou Video-On-Demand comme on dit en France...) sur les chaînes câblées, et n'est pas près d'être médiatisé, si ce n'est sur le net grâce au buzz qu'il a connu, tant son sujet principal est amoral et répugnant. Un toubib fou veut créer un mille-pattes humain avec trois personnes reliées entre elles bouche-à-cul. Je sais ça craint mais je ne voulais pas tergiverser mais plutôt dire la chose telle qu'elle est, sans fioritures.
Cronenberg s'amusait avec la génétique, Natali s'y est mis, mais niveau mutilations on avait pas grand chose. Saw est bien passé par les mutilations, plus dans ses suites que dans l'original, avec des supplices toujours plus imaginatifs mais au final rébarbatifs, sans pour autant franchir cette fine ligne qui sépare l'horreur du profondément malsain. Tom Six lui l'a fait. Pourtant rien n'aurait laissé croire que ce réalisateur trentenaire hollandais irait dans cette voie, ses premiers films étant plutôt axés comédie ou drame, notamment I Love Dries dans lequel un couple dont le mari est stérile kidnappe leur chanteur préféré pour lui voler sa semence.
Là où Six fait fort c'est en rendant son film hautement international, les protagonistes étant tous très hétéroclites, un toubib allemand maboule, deux jeunes touristes américaines et un touriste japonais, ce qui, sans non plus être d'une profondeur incroyable fait une parabole et nous annonce dés le départ que tout cela finira mal, personne n'ayant de points communs, sorte de « quoique l'on fasse les gens ne s'uniront jamais de par leurs différences ». Pas très optimiste, mais cela dit à peine le film avait été terminé qu'une suite avait déjà été annoncée (le premier est sous-titré « First Sequence » et le second « Full Sequence », prévu pour 2011).
Néanmoins ne vous attendez pas à une horreur insoutenable dés le début, Six la joue fine, présente son toubib, qui kidnappe au fur et à mesure ses victimes, et il faudra finalement attendre la moitié du film pour que l'opération commence, et contrairement à ce que l'on s'attendrait est assez brève et évite le gore inutile et autres close-ups vomitifs.
Six voulait rester fidèle au titre de son film et concentrer toute l'horreur sur la vue de ce mille-pattes humain une fois terminé. Il réussi son pari avec merveille et nous fait ressentir un profond dégoût ainsi qu'une grande pitié pour ce trio de personnes qui sont en train de vivre ce qu'il y a probablement de pire au monde, les tortures à la fraise dans Le Dentiste passant soudainement pour de petits ratés médicaux. Comble de l'ironie le japonais se retrouve en tête, ne parlant que sa langue natale et évidemment il est incapable de se faire comprendre, que ça soit du toubib ou du reste de la « troupe », un grave handicap dans l'organisation d'une quelconque évasion.
En somme un vrai film d'horreur, qui même sans trop en montrer réussi avec brio à nous donner des haut-le-cœur, et par pitié que l'on ne me gonfle pas en me disant « ce film est horrible il est nul », l'horreur c'est fait pour dégoûter, or une bande d'ados perdus en forêt et poursuivis par un tueur dégénéré c'est tout sauf de l'horreur, ça en serait même presque plutôt de la comédie tant le genre est essoufflé et sans surprises.
Mention spéciale pour Dieter Laser, acteur allemand de renommée, qui interprète assurément sa plus grande interprétation dans le rôle du toubib, fou certes, mais d'un calme et une croyance dans le bien-fondé de son oeuvre qui le rendent encore plus effrayant.
A noter que le film a gagné 3 prix, dont celui du meilleur acteur (Dieter Laser) et celui du meilleur film d'horreur à l'Austin Fantastic Fest, ainsi que celui du meilleur film au Screamfest.