Enfin une nouvelle comédie noire qui fait du bien ! Après l’excellent Wedding Nightmare (2019), c’est au tour de The Hunt de nous présenter un film d’horreur brisant les codes. Ce film est une bonne critique de notre société et le réduire au statut de simple film d’ado qui tente à tout prix de faire rire serait une erreur.
Tout d’abord, avant même de s’attaquer au film en lui même, la promotion à la Scream (1996) est un coup de génie quand on n'a jamais vu l’oeuvre :
On ne s'attend pas à ce que Emma Roberts quitte l'aventure aussi tôt quand la promotion tournait autour d'elle. On est alors alors plongé dans un enchainement de catastrophes et la véritable protagoniste (Betty Gilpin), n'est introduite qu'après 25 minutes de film, après qu'on ait suivi pas moins de 3 « protagonistes » potentiels juste avant.
Tout au long du visionnage, Craig Zobel sculpte son travail avec la satyre et le ridicule de ses situations. Le film entier dénonce l’absurdité de notre monde et le comportement humain : tout le monde semble avoir perdu la tête, le scénario n’a aucun sens, tout est vraiment surréel. Paradoxalement, c’est le personnage singulier de Crystal (Betty Gilpin) qui vient apporter un peu d’ordre dans tout ce bazar. La protagoniste à l’air dérangé et aux grimaces exagérées, est la seule à se comporter de manière sensé : elle garde la tête froide en toute circonstance et se sert de sa logique et de son expérience pour survivre.
On se rend même compte à la fin du film, qu’elle est sans doute le personnage le plus cultivé de l'histoire, citant des fables et connaissant des oeuvres comme La Ferme des animaux de George Orwell (1945)
Même si le concept de la chasse à l'homme est très vite passé à la trappe, on a quand même une construction logique où on remonte petit à petit vers l’instigateur de tout ceci, ce qui fait que le film garde quand même un semblant de scénario.
La scène de combats opposant Athena (Hilary Swank), l'instigatrice, et Crystal est d’ailleurs une scène qui à elle seule vaut le détour du film. Elle est bien rythmée, très graphique avec de très beaux plans, relativement violente, etc. Bref, c’est une scène magistrale qui reste pour moi ma scène de combat préférée.
On a également un message sur le danger que représente les réseaux sociaux, que l’on peut voir comme le principal antagoniste non seulement du film, mais aussi de notre monde actuel.
Dans le film, tout part d’une mauvaise blague ayant pris de l’ampleur sur des réseaux sociaux. Et ainsi la chasse à l’homme n’est qu’une conséquence d’un bad buzz. Le point culminant du film est le moment où on se rend compte que les réseaux ne sont pas si fiables que cela, que malgré toutes nos données personnelles mise en ligne, malgré toutes les informations qu’on peut trouver, rien ne garanti à 100% leur véracité. Il y a un véritable effet boule de Neige (surnom qu'Athena donne d’ailleurs au personnage de Betty Gilpin en référence à l’ouvre d’Orwell) et qui fait que le film arrive là où il en est.
Je passe bien sûr le message politique visant à critiquer les climatosceptiques, les supporters de Trump, et tout autres sujets abordés qui ont valus au film d’être reporté pendant plusieurs mois et d’avoir fait l’objet de plusieurs polémiques aux USA. On pourrait passer des heures à analyser ce film qui est riche en détails.
The Hunt c'est donc un film qui dépasse la simple comédie noire pour adolescents. C’est une vértiable critique, construite intelligement et qui mérite une analyse plus profonde que celle que j'apporte. Mais même si vous n'êtes pas convaincu, ça reste avant tout un très bon divertissement que je recommande à tout amateur d’humour noir et qui vaut sincèrement le détour.