Ce n’est certes pas le meilleur film de James Gray qui nous a déjà donné quelques chefs-d’œuvre (We Own the Night, Two Lovers entre autres) et qui ici se contente d’un film un peu paresseux, très bien léché pourtant et mis en scène avec le brio qu'on lui connaît mais où le déchaînement des passions habituel est bridé par un scénario qui n’a rien de flamboyant. C’est pourtant l’histoire passionnée d’une femme et d’un homme, histoire de domination et de soumission, qui se termine sur un déchirement qui m’a rappelé celui de L’Aurore de Murnau au niveau des images si ce n’est à celui du fond. Dans un rôle écrasant, Joaquin Phoenix fait une composition plus qu’honorable en reprenant ouvertement (c’est encore une citation et pas du plagiat) le jeu de cet immense comédien qu’était Marlon Brando. Dans celui de l’immigrée qui accepte de se dégrader pour survivre dans le pays des fausses illusions, Marion Cotillard est à son niveau habituel c'est-à-dire très honorable. Il manque à ce film un brin de folie qui était présent dans Two Lovers. Il lui manque aussi un peu plus de développement de l’histoire familiale de la jeune femme qui reste obscure et pour l’essentiel inconnue… Bref, c’est en partie raté même si ça demeure d’un très bon niveau, mais James Gray nous doit une revanche.