La Vérité de Raison
Frédéric Bourdin fut un usurpateur d'identité, un mythomane, longtemps recherché par Interpol durant toute son enfance, passant d'un pseudo à l'autre à travers toute l'Europe. Lorsque le...
le 15 déc. 2013
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Frédéric Bourdin fut un usurpateur d'identité, un mythomane, longtemps recherché par Interpol durant toute son enfance, passant d'un pseudo à l'autre à travers toute l'Europe.
Lorsque le documentariste Bart Layton, réalisa une interview du français aujourd'hui libre (vivant tranquillement en France, Marié, 3 enfants), il fut subjugué par les talents de conteur de ce pervers narcissique.
Ce fut donc le point de départ de The Imposter, mélange de témoignages authentiques et de reconstitution, qui narre la dernière supercherie de ce manipulateur avant son arrestation : prendre l'identité d'un enfant disparut en 1994, qui réapparait 3 ans plus tard, en trompant la famille et les autorités.
Le début de ce docu-fiction est franchement déroutant, car on sait dès le départ que c'est un imposteur, comment cela se termine, avec un procédé de "faux docu" assez dérangeant. On voit mal où le réalisateur veut nous emmener.
Mais progressivement, au fur et à mesure que Bourdin se révèle, on comprend que cet enfant non-voulu cherche une renaissance à chacune de se usurpations, se créant l'illusion d'une véritable identité.
Et bien entendu, de l'autre côté, une famille totalement aveuglée par le désir de retrouver son enfant, malgré les évidences sur le mensonge.
Ce qui passionne au fur et à mesure que le film avance, c'est que ce procédé de vrai/faux docu épouse parfaitement les points de vue de chacun des protagonistes.
La Vérité de Fait est ici connue : tout ceci n'est qu'une supercherie.
En revanche, c'est la Vérité de Raison qui est ici confrontée entre les différentes parties, et nous interroge sur le degré d'acceptation de chacun. On prendra la Vérité qui nous arrangera le plus, en niant les faits.
C'est cette Vérité là qui justifie parfaitement l'approche cinématographique de la reconstitution (habilement mise en scène comme un thriller, ce qui a beaucoup choqué dans les critiques négatives sur SC)
De ce point de vue, le film est une réussite, en étant lui même partie prenante du mensonge.
Quitte à aller jusqu'à suivre les théories de Bourdin après son arrestation, qui accusera la famille d'avoir assassiné l'enfant.
The Imposter va rebuter pas mal de monde, tant la frontière entre la réalité et la reconstitution est poreuse.
Mais si, comme moi, on accepte de se faire manipuler, berner, de son plein gré, on y découvre une approche intéressante de la Vérité de Fait, souvent dominée par la Vérité de Raison.
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le 15 déc. 2013
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