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I'm just trying to understand how a person can buy a fish and not know what kind it was.

Un film qui aura fait beaucoup parler de lui. Que ce soit par sa production, où on en vient à se demander comment Netflix peut être le seul studio à accepter à casser la tirelire pour un tel projet ; ou par les retours depuis plusieurs semaines et la pluie de récompense qui va avec. De Niro et Scorcese auront réussi à conclure leur trilogie sur les gangsters, mais que ça aura été compliqué.


Pour être honnête, ce n’est pas mon Scorcese préféré, même s’il reste de très bonne facture. Étrangement, ce n’est pas forcément sa durée ou son rythme, que j’ai trouvés au contraire très bien dosés, qui m’ont gêné. Aussi incroyable que cela puisse paraître pour un film de 3h30, il n’y a pas de scènes à retirer, ni à ajouter, il n’y en a aucune qui s’étire en longueur ou qui est rushé… Tout s’articule parfaitement pour une œuvre au côté fresque historique, qui fera beaucoup penser à Il était une fois en Amérique dans sa structure et le poids donné à l’Histoire et l’intrigue. C’est un de ses films qu’il faut digérer, prendre du recul, laisser décanter.


On est happé dès le départ et on ne lâche plus notre écran du début à la fin, le pari est réussi de ce côté. L’histoire est poignante, personnel, et pourtant grandiose et incroyable. Qu’on découvre peu à peu la vie de ses personnages peu recommandables, comment chacun va rencontrer son destin au travers des années. L’intrigue joue sur plusieurs niveaux et suit une évolution naturelle. Le cœur du récit sera les personnages et les relations qu’ils partagent : ami, mentor, père… Tout autant de figure qui jalonneront le film qui devront faire face aux conséquences de leurs actions en suivant les règles inhérentes à ce milieu.


Le film prendra ses racines dans les autres films de gangster de Scorcese. L’atmosphère générale rappellera beaucoup celles des Affranchis ou de Casino, chacun abordant d’ailleurs une couche différente dans la hiérarchie mafieuse. L’humour cynique, presque blasé de la vie et des situations dans laquelle les personnages se retrouvent, ce côté un peu narratif par moment, le drame qui n’est jamais loin et qui vient frapper les personnages là, quand et comment ils ne l’attendent pas… Tout autant d’éléments qui rebouclent avec les autres films et créant une cohérence intrinsèque dans l’œuvre qu’ils proposent. Toutefois, là où The Irishman fait un peu moins fort que ces prédécesseurs, c’est dans la dynamique de l’intrigue. On a constamment cette sensation de vouloir recréer la sauce des précédents sans pour autant y arriver. Et je pense qu’il y a dans ça une partie du aux acteurs.


Alors loin de moi l’idée de dire que le casting est mauvais dans le film. S’il y a un peu de déception de ne pas avoir plus de Harvey Keitel, le trio phare du film est éblouissant. De Niro, Pacino, Pesci, dans un film de gangster réalisé par Scorcese… La promesse est tenue. Les trois sont incroyables et superbes…


Cependant, le concept du film reposant sur une fresque historique de plusieurs décennies montre ici ses limites. Autant avec Il était une fois en Amérique, ça fonctionnait. Autant là, surtout dans la première partie, il devient très difficile pour les acteurs (surtout Pacino et De Niro) d’être crédibles dans leurs rôles de jeunes trentenaires. Ce qui crée une certaine dissonance, parce que les prestations sont excellentes, mais ça ne s’inscrit pas avec le rôle tel qu’on nous le présente. Dans la seconde partie, ça fonctionne d’ailleurs déjà beaucoup mieux et, étrangement, sur l’ensemble du film, Pesci sera celui qui s’en sortira le mieux et qui sera le plus incroyable du trio. C’est d’ailleurs étrange et intéressant de le voir dans un tel rôle quand on le compare justement à celui qu’il tenait dans les films précédents.


Toutefois, pour Pacino et De Niro, ce soucis de crédibilité nous fera en quelque sorte sortir de l’histoire, alors que leur prestation, surtout lors des scènes plus posées et de dialogues, sont juste incroyables. Je ne critique pas la technique de « de-aging » mise au point pour les besoin du film, elle est bluffante et on se laisse plusieurs fois piéger tant elle reste efficace quels que soient la luminosité et l’angle de la scène. Cependant, les corps des acteurs, lui, est resté le même et c’est ce qui retranscrit le plus souvent : ils ne peuvent plus bouger comme des jeunes de 30 ou 40 ans.
C’est dommage, car ça casse la tension dans certaines scènes qui n’en restent pas moins très bonnes. C’est à mon sens le seul point négatif qu’on put trouver à ce film.


Je n’ai pas grand-chose d’autre à dire sur le casting. Comme je l’ai dit, le trio est exceptionnel. Keitel aura un rôle presque de caméo mais fera le taf. J’ai beaucoup aimé la plupart des rôles secondaires, même si, en effet, on peut regretter l’absence de rôle féminin majeur (Anna Paquin parvient toutefois à se montrer hyper-percutante dans sa seule ligne de dialogue). Stephen Graham sera sans doute celui qui m’a le plus convaincu, notamment parce qu’il est le seul à vraiment tenir tête aux cadors qu’il a face à lui, et ce dans plusieurs scènes.


Techniquement, peu de chose à reprocher là-aussi. J’ai déjà parlé du « de-aging », qui sera vraiment bluffant même si atteignant ses limites techniques au début du film (lorsque De Niro est jeune trentenaire). La musique renverra aussi aux précédents films de cette trilogie, avec le choix d’une bande son assez cohérente et reflétant les différentes périodes mais aussi l’atmosphère des scènes. Les décors seront vraiment top, tout comme les autres effets spéciaux (aussi bien numériques que mécaniques). Quant à sa mise en scène, Scorcese nous proposera là un film millimétré à chaque instant (peut-être même trop parfois) pour nous plonger dans des scènes et des plans toujours aussi superbes. Et là encore, on retrouvera d’ailleurs certains tics qui renverront aux deux autres films.


Bref, The Irishman est sans doute un mastodonte du cinéma, sur plusieurs aspects. Il ne m’a pas autant convaincu que ses prédécesseurs, en partie aussi parce que j’ai l’impression que Scorcese y a mis trop de contrainte et y prend moins de liberté, dans le sens où il s’est laissé bouffé par son œuvre et a oublié d’en prendre le recul qu’elle nécessite. Cela n’empêche pas l’ensemble de fonctionner à merveille et de se présenter comme un bon film. À voir !

vive_le_ciné
8
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le 18 janv. 2020

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vive_le_ciné

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