Les Affranchis fatigués de la Carte Vermeil...

Une œuvre relativement sobre, froide et directe. A l'élégance discrète. Plutôt prenante et agréable. Et ce faisant, malgré de gros défauts esthétique et narratif, que j'ai du mal à m'expliquer. Par exemple, il y a d'étranges moments de montage, indigestes et très mystérieux. Les dialogues souvent redondant, manquent de panache et de pertinence. La construction générale de l’ensemble, et la mise en scène rappellent fortement Goodfellas. Mais en plus posé, gris, taciturne et mature. Presque détaché. Le film lorgne aussi, brièvement et faussement innocemment, sur un coté subversif et conspiration politique, à la JFK d'Oliver Stone. Ce qui à mon sens, pourrait aussi expliquer le fait, que Scorsese a eut autant de mal à monter ce film, mis en chantier depuis si longtemps. Malgré la longueur exceptionnelle du film, mis à part les trois personnages de l'affiche, l’ensemble des autres est survolé à vitesse grand V, sans beaucoup de ligne de dialogue, de profondeur psychologique, ni véritable incarnation, autre que le stéréotype social véhiculé par leurs costumes de scène, et les vagues explications de Franck. La bande son est rythmé par quelques rares standards populaire de l'époque. La majorité du reste des 3h30, l'est seulement par les bruits intradiégétiques, les dialogues, et la voix off de Franck. Ne comptez pas sur une OST puissante, pour vous déclencher des émotions en cascade. Le bon et énergique Al Pacino, parait vraiment vieux à l'écran. Mais pour jouer Jimmy Hoffa, ça passe. Et il s'en sort haut la main. De Niro à l'air de l'être encore plus. Peut être trop, pour le premier tiers du film, où il a visiblement du mal à se mouvoir avec vélocité, alors qu'il est sensé être dans la fleur de l'age. Ces affreuses lentilles bleu, le maquillage prosthétique figé, et ce rajeunissement numérique un peu foireux, n'arrangent rien à la prestation, qui manque sérieusement de passion, d’entrain, et de subtiles expressions variées du visage. Quant à Joe Pesci, que l'on a vu que trois fois au cinéma, depuis que ce siècle a commencé, il est juste génial. Et je le regrette toujours autant. Même encore plus. Le découpage est alambiqué. Et par moment, un peu nébuleux. L'histoire est riche et intéressante. Les variations excessives de rythme, peut-être un peu moins. Un coup brusquement trop rapide, pour assimiler le bombardement intense d'information. Un coup trop lent, statique et monotone pour tellement peu, qu'on se demande si on a pas loupé un truc important. Bref, il y a du très bon. Il y a du un peu mauvais. Pour un premier visionnage en VOST, je trouve le film bien. Mais, loin de toute fulgurance ou originalité, il ne renouvelle en rien un genre, dont Martin Scorsese était le maitre incontesté, et le principal moteur d'inspiration, depuis maintenant presque trente ans. En tout cas, on est très loin de l'immense chef-d’œuvre annoncé depuis des semaines. ça, c'est certain. 3/5