Dire que j'attendais "The Irishman" serait un euphémisme. C'est probablement LE film que j'attendais le plus de ces dernières années. Martin Scorsese est l'un de mes réalisateurs favoris donc lorsque j'ai entendu dire qu'il réalisait un film de gangsters de plus de 3 heures avec De Niro, Joe Pesci et Al Pacino, j'ai de suite fait le rapprochement avec "Casino", l'un de mes 10 films favoris.
Et qui dit grosse attente dit souvent grosse déception. "The Irishman" dément cela : c'est un chef d'oeuvre. C'est même du très très grand cinéma, qui sait mélanger l'ancien et le moderne.
L'ancien, c'est toutes ces figures mythiques du film de gangster qui évoluent dans un scénario aux ramifications toutes plus intéressantes les unes que les autres, au travers de différentes époques.
Le moderne, c'est la technologie révolutionnaire utilisée pour rajeunir numériquement les acteurs. On voit ainsi Frank Sheeran à 20 ans, à 40 ans, à 60 ans et à 80 ans, sans que cela ne nous gène. On n'y voit même que du feu. Ce tour de force technologique m'a scotché.
Mais cette révolution sert le film. On n'a pas fait un film pour dire "regardez ce qu'on sait faire maintenant !". Non, on a eu besoin de cette technologie pour mettre en image cette histoire et c'est donc un outil au service de l'oeuvre.
Une oeuvre complète, à la musique géniale, aux plans chargés de messages et de symboles (ce plan final !), avec une reconstitution fidèle des différentes époques et aux dialogues qui nous scotchent.
Martin Scorsese vient de compiler dans un seul film tout ce qu'il a su faire de mieux dans sa carrière. Et pourtant, même si l'on pourrait penser à un chant du cygne, les acteurs et le réalisateur ne semblent pas épuisés le moins du monde, ni déconnectés. Ils viennent simplement rappeler qu'ils sont toujours là et que la barre est toujours placée très haute. Indétrônables.