"The irishman" est un film qui aura fait couler beaucoup d'encre dans les coulisses du cinéma. Principalement parce qu'il est réalisé par un des réalisateur le plus renommé (Martin Scorsese) et qu'il n'a pas été produit par un studio ou une société de production, mais par Netflix. Jusque là pas de quoi s'effaroucher; après tout voila des décennies que les chaines de télévisions font pareilles en se garantissant la primeur de la première diffusion télévisée. Sauf que voila, Netflix n'est pas une chaîne de télé, mais une plateforme de téléchargement et que la chaîne de distribution classique (salles et édition vidéo) ne l'intéresse visiblement pas du tout. Pour Netflix l'important est d'avoir des exclusivités sur son réseau pour capter de nouveaux abonnés.
Mais pour les appâter, Netflix se rend bien compte que la médiatisation autour des grandes cérémonies du cinéma reste encore ce qu'il y a de plus efficace. Mais que pour y être invité, il faut que les films sortent dans un minimum de salles...
Encore une fois, rien de neuf ici non plus. C'est ce qu'on appelle aussi un Oscar-bait; une pratique dont Harvey Weinstein raffolait pour rafler des petites statuettes : On sort un film en circuit restreint pour être éligible; on rafle les prix; et on ressort le film à grande échelle avec un gros palmarès sur l'affiche...
L'ennui est qu'avec Netflix, cette dernière étape n'existe plus. Et "The irishman" en est le parfait exemple, le film a été très peu projeté en salles. En France on peut compter ses séances sur les doigts de la main. Alors qu'il était un des films les plus attendu de l'année 2019 ! Et il n'est même pas sûre qu'il soit édité physiquement en vidéo ! Pour voir le film, pas d'autre choix que de s'abonner à Netflix... ou de pirater le film sur internet... un comble ! Surement faut-il voir là, une explication du, pourquoi le film n'a-t-il reçu aucun Oscar malgré ses 10 nominations.
En contre partie, il faut aussi dire que Netflix a été le seul, à avoir accepter de produire le film de Scorsese, qui malgré son statut de grand maître du cinéma et un projet sans gros risque, sur un sujet que le cinéaste a prouvé maîtriser depuis longtemps et un casting de rêve... et bien, c'est inconcevable, mais aucun des grands studios n'a voulu du film... et prouve, alors qu'ils produisent des blockbusters décervelés à la chaîne, qu'il y a un gros problème à Hollywood !
Parlons quand même du film. Scorsese revient donc une énième fois dans l'univers de la mafia, celui qu'il maîtrise le plus et qu'on lui reconnait le plus volontiers comme étant le maître du genre. Dire que "The irishman" est bien, est un euphémisme. On est en terrain connu, avec les acteurs historiques fétiches du réalisateur (De Niro et Pesci, plus de 20 ans après "Casino"; 30 ans pour Harvey Keitel, vu la dernière fois dans "La dernière tentation du Christ") et pour la première fois Al Pacino, qui étonnement n'avait jamais tourné avec le cinéaste. Ce biopic couvre 50 ans de la vie de "The irishman" et Scorsese touche encore une fois la perfection. Le seul reproche qu'on lui fera sera l'utilisation abusive du procédé du de-aging digital pour rajeunir numériquement ses acteurs. Car De Niro a beau avoir l'air jeune physiquement dans le film, on sent bien qu'il ne peut plus bouger comme il le faisait dans "Mean street".