De l'intérêt de la claustrophobie
Un film tordu, à la frontière entre le polar et le fantastique.
Je voulais le voir pour Adrien Brody. J'avoue qu'il m'a déçu, en faisant souvent trop, multipliant les mimiques, les grimaces pour faire croire qu'il souffre ou qu'il a la rage. Par contre, j'ai été agréablement surpris par la qualité de l'interprétation : Kris Kristofferson (que l'on voit plutôt rarement, alors c'est toujours un plaisir) ou Daniel Craig, impressionnant en malade interné constamment au bord de l'explosion.
L'histoire ? Une bonne idée de départ : un vétéran de la première Guerre du Golfe, blessé à la tête, accusé (à tort, apparemment) d'avoir abattu un policier, est interné. Un médecin lui fait un traitement choc : un produit bizarre et des heures d'enfermement dans un casier mortuaire.
L'effet est étrange : notre vétéran est plongé dans ce qu'on croit être des souvenirs (ou une invention de son esprit malade).
Car la mise en scène joue avec habileté (dans la première partie du film, du moins) sur l'ambiguïté des pensées et des souvenirs du personnage. Est-il vraiment innocent, ou est-il complètement malade ? Jusqu'à quel point peut-on croire ce qu'on voit à l'écran ? Grand point positif pour un cinéaste qui cherche à dérouter ses spectateurs (avec, hélas, trop d'effets visuels, de flashs, de couleurs, etc).
Cette ambiguïté ne dure pas. Elle est remplacée par un suspense plus classique, une enquête traditionnelle à la recherche d'un assassin. L'intérêt diminue un peu, les scènes, très brèves au début du film, s'allongent nettement, donc le rythme baisse et l'inventivité itou.
Quant au final... Plutôt étrange, inégal, mais beau.