Je me souviens qu’à l’époque de la sortie du remake de Karate kid, le JT de TF1 avait invité Jaden Smith et Jackie Chan. J’étais déçu du peu d’intervention de ce dernier par rapport au gamin, surtout pour le peu de temps que durait l’interview (je ne comprends pas l’utilité de faire se déplacer des stars si c’est pour leur accorder 2mn en fin d’émission), et puis comme avec tous les invités cinés dans ce JT, les questions étaient d’une nullité atterrante. Le présentateur évoquait une scène du film où Jaden Smith laisse traîner son manteau, et demandait si dans la vraie vie, il faisait pareil. Aherm.
(pour Rush hour 3, ils avaient demandé à Chan et Tucker ce qu’ils pensaient de l’affaire de pédophilie de Polanski, qui avait un cameo dans le film…)
Bon, tout cela n’a aucun rapport avec mon avis sur le film en lui-même, mais je voulais en profiter pour remémorer ce moment d’incompétence journalistique et cracher au passage sur TF1.
Karate kid version 2010 donc, je le sentais mal… Surtout que ça dure 2h20 ce truc ! Mais, eh, il y a Jackie Chan dedans, alors…
Le film original se passait aux Etats-Unis, où le prof de karate était un immigré. La petite originalité du remake, c’est de faire du héros, Dre Parker, un Américain qui déménage en Chine, en raison du travail de sa mère.
Je pensais que ça allait ajouter comme thèmes le dépaysement et l’ostracisme vécu par le protagoniste, d’autant plus qu’il est noir et dénote donc bien plus à Beijing qu’à Brooklyn.
Mais non. En fait hormis pour la visite d’un temple, et une scène d’entraînement sur la grande muraille de Chine, rien de ce qui se passe dans ce remake n’exploite vraiment les particularités du pays. Tous les personnages importants dans l’intrigue parlent anglais, donc ça n’est même pas un problème pour Dre, qui ne fait même pas l’effort pendant tout le film d’apprendre un seul mot de Chinois (on ne cessera d’ailleurs de vouloir amuser par sa déformation de chaque terme qu’il répète).
Ce remake n’apporte rien de nouveau, que ce soit à l’œuvre de base ou à ce type de film en général. Tout est tellement cliché et attendu, ça en est navrant.
En plus les effets de mise en scène et situations se montrent lourds dans ce qu’ils veulent exprimer.
A peine Dre est-il arrivé en Chine qu’il craque pour la première fille qu’il voit, et on nous le fait bien comprendre par cette insistance sur ces échanges de regards, le héros qui frime devant elle, etc.
Il se fait vite tabasser par les voyous du coin, et là on fout une musique de tension bien pesante, comme s’il s’agissait d’un combat au sommet, l’affrontement entre Neo et l’agent Smith. Ca rend ridicule une simple bagarre entre enfants de 12 ans. Et à force de se vouloir tellement dramatique, cette séquence m’a fait éclater de rire…
Le reste de l’intrigue est très semblable à celle d’origine : Han, le réparateur de l’immeuble de Dre, le prend sous son aile et lui apprend à se défendre. Pour affronter les élèves d’un dojo où on n’apprend que la violence, Han l’inscrit à un tournoi de kung-fu.
Alors oui, c’est plus du karate, c’est du kung-fu, c’est pas une mauvaise idée en soi mais vu que le film s’appelle Karate kid, c’est un peu con. Enfin comme le dit la mère du héros, "Karate, kung-fu, whatever…".
Dans le premier Karate kid, il y avait le lavage de voiture, "wax on, wax off" ; ici, après avoir vu que Dre laissait traîner son manteau par terre, Han lui apprend le kung-fu en le faisant ramasser et accrocher sa veste, inlassablement. (un lien avec l’école du nanto de fourrure de Ken le survivant ?)
Han explique : "Kung fu lives in everything we do, Xiao Dre. It lives in how we put on a jacket, it lives in how we take off a jacket".
Comment on peut prendre ça au sérieux, franchement ?
Alors le gamin apprend juste des mouvements machinalement, on le voit accrocher sa veste, on le voit sauter dans la boue, on le voit taper une pompe à eau, … mais jamais on ne le voit affronter quelqu’un ! Mais lors du tournoi final, il met en application ces techniques, et c’est bon ! Quand tu vois les coups qu’il arrive à mettre, c’est n’importe quoi, ça ne correspond à rien qu’on ait vu au préalable.
J’avais de gros a priori sur le film essentiellement à cause de Jaden Smith. Je n’aime pas son air arrogant… qui se retrouve en fait exactement dans son personnage, prétentieux ; même après s’être fait péter la gueule plusieurs fois, il continue à se la ramener "je suis un athlète, je suis rapide", "je connais le jiu jitsu". Mais ta gueule ; c’est l’humilité qu’aurait dû lui apprendre Han.
Et puis à chaque fois que Dre fait une blague, ça tombe à l’eau, c’est gênant. Ajoutez à cela le jeu pas très naturel de l’acteur, et ça donne un mélange très propice au malaise.
Sa mère semi-hystérique sans arrêt est chiante aussi.
J’avais donc presque aucune empathie pour le héros, et je n’avais pas envie de croire en cette romance avec la jeune Chinoise. La fille arrive quand même à faire fonctionner à moitié la relation entre les personnages, qu’elle rend un peu attendrissante par son innocence et son sourire permanent (dommage que ça soit l’unique film de cette actrice).
Par contre la relation entre l’élève et le maître ne fonctionne pas, on ne ressent pas de complicité, alors quand à la fin le gosse sort "You’re the best friend I ever had, Mr Han", ça semble sortir de nulle part.
(par contre, on pourrait faire une compilation des moments tendancieux entre l’adulte et l’enfant : Dre qui dort la tête sur la cuisse de Han qui le carresse ; Han qui lui ordonne "take it off" en parlant de se veste ; Dre qui tape Han au torse et ce dernier qui le fait le frotter)
Les personnages et leurs rapports sont mal conçus ; il y a ce gamin blond au début qui aide Dre, mais on ne le revoit plus par la suite (je l’avais complètement oublié à la fin). Et c’est au bout d’1h35 qu’on rajoute une backstory tragique à Han, et du coup c’est raté. Encore une fois, Jackie Chan s’implique émotionnellement, et finit par faire fonctionner la séquence… mais putain, pourquoi il n’a jamais mis son talent au service de films véritablement bien écrits ?
Jackie n’a droit qu’à un seul combat. Contre des gamins. Il les fait se taper entre eux, se sert d’un manteau, … il y a des idées marrantes, mais dont tout le fun est retiré à cause de la réalisation.
Comme beaucoup trop souvent dans les films de Jackie Chan récents et/ou Américains.
Les séquences d’action de Karate kid, qu’il s’agisse d’une poursuite ou des combats, sont très confuses : la caméra tremble, les plans sont serrés, il y a trop de reaction shots, c’est très découpé et il y a des angles en tout sens, faisant régulièrement fi de la règle des 180°.
Ca retire tout le caractère impressionnant de l’action, puisqu’on n’assiste pas à une performance de cascadeurs/combattants sur le long terme, mais un assemblage par le montage de très courts enchaînements de coups.
Bref c’est de la merde.
En même temps Harald Zwart a réalisé les deux Cody Banks et Mortal instruments, faut pas s’attendre à grand chose.
Le cinéaste a voulu mettre des effets de transition pour faire joli, par exemple d’un rond tracé sur un terrain de basket, on passe en fondu à un judas sur une porte… ok, mais pourquoi ?
Il y a quand même deux idées que j’ai appréciées, celle de l’entraînement où l’on ne filme que les ombres, et le moment du baiser derrière le spectacle d’ombres chinoises.
Il y a une idée pas mal aussi, quoique peut-être involontaire, qui est d’avoir mis une chanson en chinois uniquement une fois que Dre se met à accepter le pays. Enfin la chanson n’est pas terrible, et le reste de la BO n’est constitué que de r’n’b et de pop-rock pourris. Il y a juste Back in black de bien.
Je dois avouer que deux gags m’ont amusé, celui avec Bob l’éponge, et la référence au premier film avec la mouche et les baguettes.
En fin de compte, Karate kid était pas aussi horrible que je l’imaginais. Au bout de 20mn, je trouvais ça nul, mais ça s’est un peu amélioré et en définitive je trouve ça juste mauvais.