Réalisé en 1959, inscrit dans la programmation de l’émission Mystery Science Theater 3000 – qui diffusait des films de série B ou Z dans le but d’en rire – et édité ainsi sur support disque, The Killer Shrews fait entrer la musaraigne dans le bestiaire du cinéma de genre spécialité animaux dangereux pour un résultat plutôt médiocre, et cela en dépit d’un certain sens du montage et du cadrage doublé d’une photographie soignée, que signe Wilfred M. Cline après avoir travaillé, entre autres, sur Gone with the Wind.
Le principal défaut tient au rythme en dents de scie qui alterne séquences de tension assez réussies avec dialogues pompeux que débitent des acteurs statiques, incapables de donner à leurs personnages un tant soit peu de chair ou d’âme. Les plans faits sur le paysage déchiré par un éclair tendent à rapprocher le film de l’atmosphère gothique, mais une telle filiation n’est jamais développée ; en lieu et place est préféré l’assommant huis clos qui retient prisonniers des clichés dont l’écriture recycle caractérisations et enjeux glanés un peu partout ailleurs.
Enfin, les créatures peinent à effrayer : si certaines apparitions s’avèrent efficacement réalisées, le doublage sonore ne saurait nous faire oublier que les prétendues musaraignes ne sont que des chiens recouverts de fourrure, à l’instar des volants rehaussés de moumoute et de pompons qu’affichent les véhicules tape-à-l’œil. Aussi les scènes de meute font-ils davantage sourire que frémir. Et étant donné la carence dramatique que manifeste le reste du long métrage, l’apparition des monstres, tant attendue, déçoit bien vite.