MKULTRA était un programme clandestin géré par la CIA dans les années 50/60 qui consistait en d’intenses expériences chimiques et psychologiques menées sur des citoyens américains afin de découvrir comment l’esprit des gens pouvait être programmé, contrôlé, manipulé. Au début des années 70, plusieurs articles parus dans le New York Times ont dévoilé publiquement l’existence de ce programme secret ciblant des citoyens américains. Cela a eu l’effet d’une bombe et plusieurs commissions d’enquêtes ont été mises en place. La plupart des dossiers MKULTRA ont été détruits et personne ne sait réellement aujourd’hui si ce programme est toujours actif ou non. The Killing Room va partir du principe qu’il est toujours actif et va articuler son scénario autour de ce point de départ pour un huis clos malheureusement un peu à côté de la plaque, qui tente d’être choquant et intelligent mais qui n’est réellement ni l’un, ni l’autre.
Avant qu’il aille faire son yes man à Hollywood sur des blockbusters tels que World Invasion Los Angeles (2011), La Colère des Titans (2012), et Ninja Turtles (2014), Jonathan Liebesman avait réalisé en 2007 (mais sorti en 2009) un petit budget répondant au doux nom de The Killing Room. Le film commence avec quatre personnes tout à fait ordinaires qui se sont inscrites pour participer à une expérience de recherche psychologique et qui sont conduites dans une petite pièce blanche. Alors que les quatre inconnus sont en train de remplir un questionnaire de routine, un certain Dr Phillips fait irruption dans la pièce, fait un petit discours sur le but de l’étude, puis sort soudainement un pistolet et tire sur l’une des volontaires, la tuant d’une balle dans la tête. Forcément, la panique s’empare de la pièce alors que le docteur en sort, verrouillant au passage la porte et laissant les trois personnes restantes piégées à l’intérieur en compagnie du cadavre. Par une petite fente dans un mur, un papier leur est donné avec une question à laquelle ils ont deux heures pour répondre. Ils seront éliminés petit à petit jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un gagnant. Mais quel est le but ultime de cette expérience ? Pour qui le Docteur Phillips travaille-t-il ? Des films du genre, à savoir des gens qui ne se connaissent pas et qui se retrouvent enfermés et doivent comprendre comment sortir, parfois soumis à des épreuves qui finissent dans un bain de sang, il y en a déjà eu plein. Parmi les plus connus, on pourrait citer Saw ou Cube, mais il y en a bien d’autres : La Cellule de Fermat, House of 9, Would You Rather, Circle ou encore Nine 9. The Killing Room va alterner scènes dans ladite pièce blanche et moments où les deux « observateurs » vont discuter, nous révélant petit à petit les tenants et aboutissants du scénario.
Nous sommes ici dans un thriller psychologique qui essaie d’être intelligent, surfant sur des thématiques et posant des questions régulièrement abordées à cette époque post 11 septembre 2001 qui a traumatisé l’Amérique toute entière. Le casting s’en sort bien et les acteurs sont crédibles dans leurs rôles. Chloë Sevigny tire son épingle du jeu avec un personnage aux prises avec de nombreuses émotions. Malheureusement, le casting est presque le seul bon point du film tant le reste est à côté de la plaque. Le temps passe volontairement lentement afin de faire monter la pression, avec des personnages qui vont discuter, débattre de ce qu’ils font là, s’énerver, se confronter, mais on ne se soucie jamais réellement d’eux, de leur sort, et du coup cela ne fonctionne pas. Il ne se passe pas grand-chose, étant donné qu’il n’y a pas de piège ni même d’énigme. Des questions classiques leur sont posées, comme par exemple » Les américains sont combien au niveau mondial en terme de QI ? » Le plus éloigné de la réponse sera déclaré perdant. Le film ne surprend que très rarement (à l’exception du premier meurtre), manque clairement de tension et les révélations juste avant la dernière partie n’ont pas l’impact émotionnel espéré. La mise en scène n’est pas en reste et se prend les pieds dans le tapis. Comme tout ou presque se passe dans une pièce quasi entièrement blanche, le réalisateur va s’amuser à bouger sans arrêt sa caméra, faire des gros plans sur les visages, passer d’un personnage à l’autre rapidement, afin de donner du dynamisme, mais le résultat est très artificiel. Même le côté claustrophobique de ce genre de situation n’est pas bien rendu. On ne se sent jamais à l’étroit, jamais avec les personnages et, du coup, on ne rentre jamais dans le film.
Un peu plat, se voulant intelligent et choquant mais n’y arrivant pas, The Killing Room est un thriller psychologique qui n’est sauvé du naufrage que par un casting qui fait les choses bien. Un film aussitôt vu aussitôt oublié.
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-the-killing-room-de-jonathan-liebesman-2009/