Comme expliqué dans la chronique de Sniper : Vengeance, c’est un peu la folie des films de snipers en Chine depuis 2/3 ans. Il y en a plein, avec des titres parfois très similaires, et c’est un peu bordélique de s’y retrouver dans ce « sniperverse » comme aiment l’appeler certains. Par exemple, le film du jour, The King of Snipers, n’est pas à confondre avec King of Snipers sorti en 2022. Là où ce dernier était un film de guerre assez dramatique se déroulant entre les deux guerres, The King of Snipers (bien que l’écran titre du film ne mentionne pas le « The ») est un mélange de comédie et d’action, un divertissement qui se veut résolument fun et qui y arrive haut la main tant, une fois de plus, le réalisateur Chris Huo fait ce qu’il faut pour. Et Chris Huo est un metteur en scène dont le travail est surveillé par tous les amateurs de DTV chinois tant ses films sont en général au-dessus de la masse. Ce The King of Snipers vient une fois de plus le prouver et ce dès les premiers instants.


Le travail de Chris Huo commence à être reconnu en Chine car ses derniers films d’action sont ceux qui marchent le plus dans le domaine de l’action contemporaine. En 2021, son The Sniper a rapporté plus de 30 millions de dollars, un sacré succès pour un film en streaming. Même chose pour Blind War au point que la plateforme iQiYi a placé la future suite de ce dernier dans ses priorités. Le The King of Snipers qui nous intéresse aujourd’hui semble suivre la même voie puisqu’il totalise déjà plusieurs millions de visionnages sur Youku alors qu’il n’est sorti que le 24 janvier 2023. Et vu la quantité de films qui sortent tous les mois sur ces plateformes, ce n’est pas évident de se faire une place. Chris Huo reprend dans son nouveau film une partie du casting de The Sniper, comme par exemple Henry Prince Mak et Lo Jin Ho, également une partie du casting de son Blind War, avec Yang Xing, et il va voir les choses en grand. The King of Snipers est clairement un film ambitieux (scènes de guérilla, scènes de grande envergure, …) et sa mise en scène est clairement de belle tenue. Son style commence à être reconnaissable, avec cette esthétique très réussie et une production value au-dessus de la masse. Bien qu’on sente les limites du budget dès qu’il fait appel aux CGI, même si cela est rare, Chris Huo a envie d’en mettre plein la vue. Le film se donne les moyens de ses ambitions sans jamais être cheap et, définitivement, ce cinéma d’action chinois dédié à la SVOD a franchi un gap. On n’a ici jamais l’impression d’être devant un téléfilm lowcost fait à la va-vite comme c’était souvent le cas il y a juste 3 ou 4 ans en arrière. Il y a beaucoup de talent chez Chris Huo, et on le sent impliqué dans ses films, là où d’autres se contentent d’aligner le cahier des charges de ce genre de plateformes de SVOD, arrivant parfois péniblement à dépasser l’heure de film.


L’intrigue se déroule dans le pays fictif de Libiwala et le scénario est au final assez simple. Mais Chris Huo le met parfaitement en scène, n’abuse pas de scènes de remplissage, et développe suffisamment tout ce qu’il y a à développer. Pour la partie comédie, les gags sont de manière générale réussis, souvent avec un humour simple mais efficace, et on rigole vraiment lors de certaines scènes. Le film ne se prend pas trop au sérieux et cherche avant tout à procurer du plaisir au spectateur malgré des scènes d’action souvent bien violentes. Ces scènes d’action sont un des points forts du film. Les chorégraphies sont fluides, lisibles, avec une caméra qui se place toujours où il faut. Chris Huo se permet quelques folies visuelles et le résultat est souvent impressionnant. Ça va vite, c’est nerveux, les gunfights sont bien fichus, avec du vrai faux-sang lors des impacts de balles (et pas ce sang en CGI immonde) et des décors qui explosent sous la puissance des balles. Fusils snipers lourds, véhicules blindés, chars d’assaut, combats rapprochés, poursuites défiant la mort, explosions diverses et variées, combats à l’épée, échanges pieds / poings, … il y en a pour tous les goûts. Certes, on tombe parfois dans l’over the top, mais c’est aussi pour iconiser certains personnages qui valent le détour. Ils sont attachants et la jeune et jolie Yang Xing (Blind War, Mojin : Kunlun Shrine) est très crédible en snipeur badass. Elle fait du bien dans ce paysage cinématographique chinois des DTV d’action contemporaine qui font souvent la part belle aux hommes. Les personnages sont au cœur du film et c’est aussi ce qui fait que cela fonctionne si bien. The King of Snipers est très rythmé, le scénario ne fait que rarement des pauses, et on est sincèrement content qu’à l’aire du tout numérique (oui, même dans les DTV chinois le fond vert est souvent légion), Chris Huo préfère les effets pratiques que les CGI (comme l’atteste le making of dans le générique de fin).


Avec The King of Snipers, on est dans du pur divertissement qui n’a strictement rien à envier aux européens et américains en termes de spectacle. Le mélange comédie / action fonctionne très bien, c’est ambitieux, c’est bien fait. Bref, une très bonne surprise !


Critique avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-the-king-of-snipers-de-chris-huo-2023/

cherycok
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le 24 avr. 2023

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