Une cocasserie qui manque de souffle malgré la présence de Maggie Smith

A l'heure où l'autofiction fait florès dans le roman français, un auteur anglais Alan Bennett se posait la question de dissocier l’auteur de son double. L'expérience qu'il a vécue est si originale qu'elle serait la matière idéale d'un livre. L'écrivain en fera une pièce de théâtre dans laquelle a joué Maggie Smith en 1999 et la même actrice est sollicitée par Nicolas Hytner pour interpréter à l'écran cette Miss Shepherd, une femme clochardisée acariâtre et sale. L’histoire est bien réelle, comique et touchante, celle de la relation qui va progressivement s’établir entre l’écrivain solitaire et cette femme, qui a élu domicile à la suite d’une mystérieuse tragédie dans une camionnette, qu’elle gare définitivement aux abords du domicile de l’écrivain et dramaturge qui va devenir, par la force des choses, son protecteur et son confident. Ainsi, ils vont vivre ensemble une amitié paradoxale et cocasse, non dénuée de pittoresque et d’humour. Car, entre le dramaturge égocentrique interprété par Alex Jennings et la vielle dame irascible, excentrique et un brin follette, admirablement campée par Maggie Smith, les échanges relèvent parfois de la commedia dell'arte.


Je suis allée voir le film pour elle bien sûr, cette actrice de 60 ans de scène et d’écran qui est sans doute ce que l’on fait de mieux en Grande-Bretagne, une comédienne rouée et incontournable dont on se souvient à quel niveau elle a hissé son rôle de comtesse douairière de Grantham dans l’excellente série « Dowton Abbey », parvenant au niveau ultime de la célébrité tant elle y est irrésistible… Oui, pour rien au monde je ne voulais rater cette nouvelle prestation. Maggie est évidemment parfaite et porte sur ses épaules le film qui manque souvent de souffle et de conviction et qu’elle sur-joue parfois pour lui donner plus de relief et de crédibilité. Oui, sa verve évite au récit l’écueil de la morosité que l’écrivain homosexuel dépressif a trop tendance à côtoyer et qui prive l’opus du dynamisme auquel je m’attendais. Entre le dramaturge et cette vieille dame isolée, qui se ferait arracher le cœur plutôt que de céder au sentimentalisme, la relation en dents de scie a tout de même une touchante résonance. Mais on aurait aimé plus d’inventivité, plus de finesse, plus de saveur. {1}

abarguillet
6
Écrit par

Créée

le 26 mars 2016

Critique lue 415 fois

1 j'aime

abarguillet

Écrit par

Critique lue 415 fois

1

D'autres avis sur The Lady in the Van

The Lady in the Van
superjunior999
8

Maggie Smith... :)

Quelle actrice incroyable, elle endosse n'importe quel rôle et rend en un instant magique un film. J'aime personnellement beaucoup les petites comédies anglaises sans prétention qui bien que très...

le 26 mars 2016

8 j'aime

2

The Lady in the Van
Eric31
7

Critique de The Lady in the Van par Eric31

The Lady in the Van est une bonne comédie britannique réalisé par Nicholas Hytner, écrit par Alan Bennett (joué dans le film par Alex Jennings) qui narre l'histoire de Miss Mary Shepherd (jouée...

le 20 mars 2016

7 j'aime

3

The Lady in the Van
Trilaw
8

La sagesse d'une fascinante alliénée

The Lady in the Van est un petit film qui aurait pu facilement passer inaperçu. Il est pourtant criant de générosité. Un auteur et acteur de théâtre voit un jour débarquer dans son quartier une...

le 11 janv. 2017

6 j'aime

Du même critique

Le Beau Serge
abarguillet
7

Critique de Le Beau Serge par abarguillet

Grâce à un petit héritage personnel, Claude Chabrol, alors jeune critique aux Cahiers du cinéma, produit lui-même son premier film, réalisé avec le concours efficace d'une bande de copains réunie...

le 6 juil. 2013

15 j'aime

1

Plein soleil
abarguillet
9

Critique de Plein soleil par abarguillet

Tom Ripley ( Alain Delon ) a été chargé par un riche industriel américain, Greanleaf, d'aller chercher son fils Philippe ( Maurice Ronet ) en Italie, où il mène une vie oisive en compagnie de Marge (...

le 25 mai 2013

13 j'aime

1

Mort à Venise
abarguillet
10

Critique de Mort à Venise par abarguillet

Mort à Venise, film lumineux et complexe est, sans nul doute, l'un des plus grands chefs d'oeuvre du 7e Art. Inspiré d'un roman de l'écrivain Thomas Mann, lui-même influencé par la philosophie...

le 25 juin 2013

13 j'aime

1