Un tremblement de terre frappe le Japon, entraînant l'explosion d'une centrale nucléaire. Dans un village proche de la catastrophe, les autorités tracent un périmètre de sécurité avec une bande jaune qui coupe en deux la localité. Une sorte de ligne de démarcation absurde entre danger bien réel et sécurité toute théorique. Au sein de la famille Ono, les parents âgés choisissent de rester. Leur fils et son épouse acceptent d'être évacués pour fuir la radioactivité…

Avec ce film qui sort à quelques semaines de l'anniversaire du tsunami qui a causé des dégâts incommensurables dans la centrale nucléaire de Fukushima, Sono Sion met en images et en perspective une catastrophe nucléaire identique qui interroge chacun d'entre nous sur la politique intérieure d'un pays, la gestion de crise, la propagande utilisée pour soi-disant ne pas affoler les populations et le bouleversement humain et social qui s'en suit.

Devant l'importance du thème, le réalisateur s'efface et compose son opus de façon plus formelle, coordonnant et structurant son récit afin d'en expliciter les conséquences inévitables sur les hommes et la nature. Co-production internationale, ce projet a obligé Sono Sion à une réserve qu'on ne lui connaissait pas et, surtout, à faire de cette oeuvre une démonstration éloquente des suites catastrophiques qu'engendre fatalement un tel drame.

Malgré le malheur qui l'a plus d'une fois éprouvé - rappelons-nous les bombes d'Hiroshima et de Nagasaki - l'Empire nippon a en lui des ressources de courage et de volontarisme inimaginables et le Japon post-Fukushima demeure la terre de l'espoir, parce que la population, serrant les dents, a repris le pas de l'homme et s'est remise en route ayant révisé ses ambitions et mis en veilleuse son orgueil. Apercevant le soleil se lever sur la mer, Sono Sion nous invite à croire que l'espoir persiste et que la vie continue envers et contre tout, grâce à une jeunesse prête affronter l'adversité et à croire en un avenir meilleur.

Plutôt qu'un film, il s'agit davantage d'un documentaire tourné dans les paysages dévastés par le tremblement de terre et le tsunami, au coeur d'une population en plein désarroi qui ne sait plus, sur le moment, qui croire, que faire, où aller. Leurs détresse nous touche d'autant plus que nos pays ne sont pas à l'abri de telles tragédies et que l'homme, ayant mis le doigt dans l'inexorable engrenage du progrès scientifique et technique, se trouve en quelque sorte dépassé par des événements incontrôlables et incapable de revenir en arrière. Alors ?

Bien fait, bien construit, The Land of Hope m'a d'autant plus séduite qu'il se penche avec une égale compassion vers le monde humain et animal, que l'on voit un vieil éleveur, interprété avec infiniment de sensibilité par l'acteur Isao Natsuyagi, préférer tuer lui-même son cheptel de bovins que de le laisser abattre par des mains étrangères. Ce sont à des notations de ce genre que l'on mesure la différence avec le film de l'an passé Himizu d'une violence proprement insoutenable, alors que celui-ci est tout en demi-teintes, en notations soit tendres, soit drôles, car, malgré la gravité du sujet, l'opus n'évacue pas l'humour que suscitent certaines situations. Le vieux couple qui se refuse à abandonner sa maison et préfère se donner la mort que de fuir et de quitter un environnement où il a ses repères et ses habitudes -surtout que l'épouse est atteinte de la maladie d'Alzheimer - est rendu avec une touchante poésie, de même que la jeune femme habitée par la peur d'être irradiée alors qu'elle attend un enfant. De jolies et déchirantes scènes se succèdent qui ont pour but d'éveiller nos consciences sur un sujet capital et d'une gravité qui mérite, ô combien ! une urgente réflexion.
abarguillet
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le 11 mars 2013

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