Une quête d’identité vivifiante
The last tree nous a séduits. C’est un film qui explore en profondeur et avec sensibilité les thèmes de l’identité, de la construction de soi, de la famille. De nombreux petits moments d’émotions...
le 5 oct. 2020
The last tree si il renouvelle pas le genre de la quête d'identité adolescente, fait figure de fiction semi-autobiographique sans qu'il soit question de racisme par l'origine du réalisateur mais plus globalement d'un portrait d'un enfant contraint par les adultes, dans un environnement nocif. Second long métrage du cinéaste anglais Shola Amoo, une tonalité sociale et réaliste, toute anglaise, s'appropriant et revisitant le thème par un jeu de caméra et de lumière, jouant de ruptures de rythme, de longs moments de contemplation et de teintes vaporeuses, où la violence des échanges alternant phases critiques, envolées romanesques et musicales, apporte à l'ensemble un ton dramatique décalé.
Le découpage en trois parties permet malgré quelques longueurs, de relancer le rythme et de suivre le cheminement de Femi. D'une enfance heureuse en famille d'accueil et à l'intégration sociale réussie, la jeunesse insouciante est ainsi montrée comme élément fédérateur à l'inverse de la maltraitance enfantine, bien souvent mise en exergue. Le déménagement dans la banlieue de Londres où vit sa mère plongera l'enfant dans l'insécurité, la misère, la violence domestique et les incompréhensions mutuelles et où sa place auprès de la population noire sera bien plus dure à trouver. Les HLM insalubres sont loin de la campagne bucolique et ne sont qu'en filigrane du drame humain qui se joue. Un décor dans lequel se fond Femi sans pour autant l'intégrer et où toute est histoire de ressenti.Tai Golding et Sam Adewunmi sont bluffants d'authenticité et l'émotion s'invite par un simple regard ou silence, pour en apprécier toute la sobriété et la subtilité du jeu d'acteur. De cette violence urbaine, à laquelle il devra, adolescent, s'adapter et malgré les soutiens parfois maladroits, Femi devra trouver seul sa voie. Les teintes lumineuses de la campagne ont laissé place à celles plus sombres de la banlieue, les ralentis et le ton poétique de la première partie, sont remplacés par les arrêts sur image et les seuls souvenirs restants de cette enfance regrettée. La découverte de sentiments amoureux bien sûr, et le rapprochement maternel, pour enfin en dernière partie se découvrir et digérer son passage au monde adulte, offrent peut-être un peu facilement une belle métaphore de l'arbre déraciné qui prendra racine ailleurs, mais renverra certains à des réminiscences nostalgiques assez étonnantes.
L'intrigue prendra également le temps de nous révéler l'histoire de la mère (Gbemisola Ikumelo), alors que son portrait de femme insensible, prête à user de son enfant à gérer le quotidien, nous livrera un personnage plus complexe, soumis au travail peu rémunérateur et faisant fortement écho à ses femmes soumises à leur tribu et aux règles du patriarcat. Retournement également pour le personnage de Mary (Denise Black), qui une fois l'enfant parti, remplacera le lien affectif par un nouveau venu. Le dialogue et l'attachement a laissé place
à des retrouvailles teintées de froideur, et si elles peuvent laisser perplexe, ne servent qu'à démontrer les limites de l'engagement du métier et la nécessaire rupture, pour appuyer encore un peu le réalisme.
Excluant toute forme de misérabilisme. un film emprunt d'une grande humanité, de douceur et de délicatesse, et de bons points pour le cinéaste.
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Créée
le 30 mars 2021
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