Celles et ceux qui me font le plaisir de me lire régulièrement le savent sans doute déjà mais je suis un indécrottable nostalgique des vidéoclubs de la première heure, celle de l'époque de la VHS et des boutiques tenues par des petits exploitants indépendants. Alors forcément quand un film parle du sujet et qu'en plus c'est un film d'horreur (Peut être mon genre de prédilection) il attire toute mon attention et fait naître en moi les plus vifs espoirs, quitte à être royalement déçu comme c'est le cas pour The Last Video Store, film canadien de Cody Kennedy et Tim Rutherford qui s'appuie certes sur un concept assez amusant mais ne parvient jamais à en extraire quoi que ce soit.


The Last Video Store c'est l'histoire d'une jeune femme qui rapporte en retard à un vidéoclub paumé les VHS que son père avait loué et oublié de rendre. Parmi les films se retrouve une étrange VHS maudite qui une fois introduite dans le magnétoscope va faire sortir des bandes magnétiques monstres, tueurs et héros qui prennent soudainement vie dans l'enceinte de la boutique.


Les deux jeunes réalisateurs Cody Kennedy et Tim Rutherford nous parle donc d'un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître et que donc visiblement ils ne connaissent pas non plus. Si le film joue ouvertement sur une certaine fibre nostalgique, il ne le fait jamais de manière pertinente, intelligente et sensible usant du vidéoclub comme un simple décorum dans lequel on trouverait uniquement les pires sériez Z qui soient. Car faute de moyens, d'autorisations et de licences la plupart des films cités dans The last Video Store ne sont ici que des ersatz de séries Z vaguement calqués sur des phantasmes de cinéma bis. Les créatures et personnages qui vont prendre vie sous l'impulsion de la VHS maudite seront donc une créature extra terrestre en CGI issus d'un pseudo Predator psychédélique, un tueur de slasher échappé d'une parodie bien lourdingue de Vendredi 13 et un acteur de film d'action burnè estampillé eighties type Chuck Norris, Van Damme et Cie … Forcément très réducteur et d'autant plus caricatural que tous semblent s'être échappés de très mauvais films qui sont loin de rendre hommage à la richesse de ce que l'on pouvait trouver dans un vidéoclub à cette époque. Alors bien sûr il était sans doute impossible pour les deux réalisateurs de faire sortir Jason, Prédator et Chuck Norris de leurs carcans magnétiques mais on pouvait à coup sûr éviter une telle surenchère de caricatures qui ne sert même pas l'aspect prétendument comique du film et trouver des caractères moins connus, voir imaginaire mais bien plus crédibles. On a donc la sensation que les bonnes idées de départ font toutes pshittt les unes après les autres comme si les deux réalisateurs n'avaient finalement aucune idée de ce que représente inconsciemment le vidéoclub pour beaucoup de celles et ceux qui auront connus cette époque. La boutique du film aura beau être une réplique de l'un des derniers vidéoclub au canada, la profusion de fausses VHS et d'affiches de films récents pour j'imagine faire plaisir à des potes (Psycho GoremanCrabsThe EditorLe Masque d'Anhang) empêche toute implication nostalgique face à un décorum qui semble finalement aussi artificiel que tout le reste.


Le seul point positif est peut être la présence dans le rôle principal de Kevin Martin dans quasiment son propre rôle puisqu'il est le gérant de l'un des tout dernier vidéoclub du Canada. Le personnage avec son look particulier et son amour du support physique nous gratifie de quelques tirades nostalgiques et amusantes sur la VHS qui font presque illusion sur les bonnes intentions du film en lui même. On notera aussi le générique de fin qui a la bonne idée de rembobiner tout le film en retour rapide, pour un effet nostalgique plutôt cool. Pour le reste il n-y a donc pas grand choses à sauver de cette histoire délibérément foutraque et parodique qui traite un peu trop la nostalgie par dessus la jambe et la série B comme de la bouse systématique dans un propos méta déjà vu mille fois ( Oh mon dieu le slasher avec des adolescents joués par des acteurs de trente ans!!).


The Last Video Store est donc une énorme déception car le film ne tire strictement rien de son concept initial pourtant assez malin. Les deux réalisateurs et les scénaristes ne savaient visiblement pas du tout de quoi ils parlaient pour nous pondre une telle vision de la VHS et rendre un hommage aussi moisi et superficiel aux chers vidéoclubs de mes tendres premières années de cinéphagie.

freddyK
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le 29 déc. 2024

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