The Lost Jewel of Mexico.

Frida...
Frida Kahlo est une artiste certes, mais c'est avant tout une femme qui n'aspirait qu'à avoir une vie simple.
Avec peut-être une belle histoire d'amour en prime...
Mais le sort en décida autrement.
Foutu sort qui préféra lui mettre des bâtons dans les roues et ce, dès son plus jeune âge.

Pourquoi donc ne pas lui "offrir" les joies de la poliomyélite, pour commencer?
Elle est belle -d'une beauté brute et magnétique- alors quoi de plus normal que de la punir pour cela?
Le sort (ou destin, ou malchance, ou...) se dit que ce n'était pourtant pas assez, cette maladie invalidante.

Eh, comment? Ça n'empêche nullement cette Frida de se comporter comme une ado "normale"?
Voyons, qu'avons-nous en stock?, se dit le sort dans sa grande mansuétude. Son esprit sombre tourne à cent à l'heure, mais le temps passe...

Frida a passé le cap des 16 ans?

Oh! J'ai trouvé !, s'exclama alors Sort. Oui...Va petite, va...Voilà venir le bus. Monte donc dans ce bus, oui...
Mais n'est-ce pas un tramway que j'aperçois là-bas?, se dit Sort tout bas.
Et si...Et si je faisais en sorte que le bus quitte sa voie?
Oui! Va bus, et fais-toi percuter par ce tramway!
Oh...Que de morts!, s'écria Sort en battant des mains comme un fou. Où est donc ma chère Frida, hein?
Ahhhh...La voilà! Mais qu'est-ce donc que cela?, s'enquit Sort en pointant de son doigt couleur cendre, la barre métallique qui transperçait de part en part le bas-ventre de la jeune fille.
C'est MA.GNI.FIQUE!, s'esclaffa Sort en sautant de joie. Ainsi, tu ne voulais pas te laisser abattre par cette polio et tu continuais de vivre comme si de rien n'était?
ET MAINTENANT?, vociféra Sort, les yeux exorbités et les lèvres retroussées sur ses horribles dents jaunes. Et maintenant, tu vas faire celle qui peut vivre avec...
Oh, quand même...
Comment vas-tu faire, petite Frida, avec tes 11 fractures, hein?, jubila Sort en se frottant les mains.
Ton bassin, ton pied, tes côtes et last not but the least, ta colonne vertébrale !
Comment vas-tu t'en sortir avec tout ça, je te le demande !
De quoi? Tu ne réponds pas ??

Je vois ton avenir...Mmm, je te vois alité pendant des mois...Oui...Et tu vas sombrer dans une profonde dépression et...
Sort se tut puis se plaqua la main sur la bouche, pour étouffer un cri. Il vit effectivement l'avenir de Frida Kahlo.
Un avenir où celle-ci allait surmonter ses souffrances en peignant inlassablement.
Mais pas des vases, des fleurs ou des paysages! Non ! Elle allait exprimer ce qu'elle ressentait via des autoportraits.
Oh, pas parce que c'était une narcissique sans fin et sans fond. Oh non ! Ses œuvres seraient comme un livre ouvert sur sa perception de la réalité.
Perception éclairée par ses douleurs inextinguibles, reflet de sa psyché meurtrie par ce corps brisé...

Mais comment, la voilà qui s'entiche d'un artiste ! Diego Rivera, de 20 ans son ainé qui plus est?
Où va t-elle puiser cet amour fou? Comment est-il possible qu'elle lui offre son cœur, tout simplement?
Allons, je ne vais pas lui permettre d'être heureuse sur ce plan là!, se dit Sort, l'écume aux lèvres.
Alors voilà, ton Diego que tu aimes tant, il va te tromper et là, tu seras malheureuse et tu te suicideras !

Tu es...juste blessée? Et tu...tu multiplies toi aussi les aventures? Avec Trotski? Avec Jacqueline Breton?
Tu continues à vivre malgré ta santé défaillante et ton histoire compliquée d'avec Diego?
D'où sors-tu cette force, petite Frida?

Voilà que tu tombes enceinte, malgré les avertissements des médecins ?
Eh bien...Ton enfant ne survivra pas, pas plus que le suivant...
Tu vas exposer à New York? A San francisco? A Paris?
Et ce divorce se passe bien? Diego te manque, mais tu continues toujours à vivre?

Très bien, voilà venir des douleurs plus puissantes, rien que pour toi, Frida!
Hôpital?
Oui, tu vas y subir quelques opérations, histoire de tester ton endurance!, crache fielleusement Sort.

Mais...Résultat des courses: tu te remaries avec Diego? Et en plus, tu vas donner des cours de peinture?
Douleurs...
Tu ne peux plus te déplacer et tu dis à tes élèves de venir chez toi?
Garce !, s'emporte Sort en se mordant violemment la main.

Et tu continues à peindre, qui plus est ! Même avec ce corset métallique qui te maintient le dos...Ça t'inspire même un tableau, tiens ! C'est la meilleure, ça...

Tu as déjà 43 ans, mais je te réserve un coup de maitre, tu vas voir!
Et oui, chose promise, chose due !
Je t'envoie à l'hôpital pour 9 mois et après ça, tu me diras si tu peux encore gambader, right?
Sort exulte dans son coin, en voyant que Frida dépérit lentement mais sûrement.

1953
Sort -occupé ailleurs- revient faire les comptes avec Frida Kahlo.
Eh bien, te voilà clouée au lit, mais il y a quand même une exposition organisée à Mexico. Oh, tu veux y aller mais tu ne peux pas...Dommage!, la raille Sort.
Que...Que...
Sort n'arrive pas à s'exprimer quand il assiste à l'improbable scène: Frida est clouée sur son lit? Qu'importe , c'est le lit qui se déplacera dans la galerie !

Sort décide de frapper fort, pour miner le moral de cette indomptable Frida. Il va inoculer la gangrène à sa pauvre victime, et les médecins n'auront d'autres choix que de l'amputer de sa jambe...

Sort -un peu fatigué par cette bataille sans fin- plonge alors dans son esprit et y sème les graines d'une profonde dépression.
Frida -de guerre lasse- abdiquera un an plus tard et se laissera emporter par la mort.

Curieusement, Sort n'en ressentit aucune joie, car il n'avait jamais connu femme aussi forte, aussi rageuse de bouffer la vie. Il en ressentait une certaine mélancolie -d'autres diraient de la tristesse- et c'est en soupirant qu'il regarda le feu dévorer le corps de cette Frida.
Il se rappelle alors le message dissimulé dans son dernier tableau: "Viva la Vida"...

Frida, jeune femme éternellement amoureuse de son Diego...et de la vie.

Frida, ce joyau perdu du Mexique...