Cinq ans après “Goodbye Mommy”, perturbant et très remarqué (de nombreux prix dans les festivals) huis clos à base de fratrie, le duo de réalisateurs autrichiens Veronica Franz et Severin Fiala la remettent à l’honneur avec “The Lodge”. Dans une ambiance glaciale oscillant entre “Hérédité” d’Ari Aster (la maison de poupées notamment) et “Les Autres” d’Alejandro Amenabar - des références un chouia trop marquées (avis perso) - les deux réalisateurs nous présentent le jeune Aiden (Jaiden Martell) et sa sœur Mia (Lia McHugh) au moment où un effroyable drame vient les affliger. En effet, fraîchement séparée de leur père Richard (Richard Armitage), leur mère Laura (Alicia Silverstone) vient de se donner la mort. D’emblée, le spectateur est frappé par les signes ostentatoires religieux présents comme autant de petits détails (peintures, pendentifs, crucifix), qui auront leur importance au cours du récit. Un scénario ancré dans les croyances, puisque Richard, essayiste et romancier, a fait des sectes et des groupes religieux extrémistes sa spécialité. C’est lors de ses investigations que Richard a fait la connaissance de Grace (Riley Keough) sa nouvelle compagne dont il semble être fou amoureux. Fille d’un gourou millénariste au look de Charles Manson, la jeune femme fut la seule rescapée d’un suicide collectif lorsqu’elle était enfant. Grace, qui jusqu’ici n’était qu’une ombre, se dévoile enfin. Étant la nouvelle belle-mère d'Aiden et Mia, Richard organise donc un séjour dans le chalet familial pour les fêtes de Noël, comme une première rencontre. Fausse bonne idée au vu de la réticence des enfants. Dès lors que les valises sont déposés au seuil de la demeure isolée, l’inconfort submerge le spectateur. L’atmosphère déjà pesant, prendra une tournure des plus inquiétantes quand Richard devra s’absenter quelques jours pour son travail. La cohabitation entre les enfants et Grace va peu à peu se détériorer aux travers de scènes en apparences anodines. Avec son décorum hivernal glacial, sa photographie sombre et saturée à la limite du noir et blanc, ses gros plans sur des visages blêmes desquels émane une insondable tristesse, “The Lodge” est une expérience perturbante dont la plus grande force réside dans l'ambiguïté troublante que le film entretient. À l’orée du film fantastique religieux, du thriller surnaturel et du drame familial, le spectateur alors piégé comme les protagonistes n’a pas d’autre choix que d’avancer fébrilement dans ce labyrinthique cauchemar psychologique.

RAF43
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 18 juil. 2020

Critique lue 1.9K fois

12 j'aime

2 commentaires

RAF43

Écrit par

Critique lue 1.9K fois

12
2

D'autres avis sur The Lodge

The Lodge
JorikVesperhaven
6

Faux film d'horreur un tantinet prétentieux et lancinant dont le climat parvient à oppresser.

Le duo de réalisateurs à l’origine de ce thriller avait déjà fait ses armes dans le même genre avec le remarqué mais relativement remarquable « Goodnight Mommy » il y a cinq ans. On retrouve le même...

le 3 mars 2020

12 j'aime

The Lodge
nomiss
4

potentiel gaché

belle photo, beau cadre naturel désertique polaire angoissant. AU début on est séduit par le contexte familial glauque tragique. Le problème est le scénario relativement prévisible. on sait que...

le 10 mai 2020

10 j'aime

The Lodge
RedArrow
7

Remplacer une mère...

Remplacer leur mère suicidée par Grace, l'inconnue qui leur a volé leur père et détruit leur famille... Reconstruire un semblant de famille avec celle qu'ils jugent responsable de tous leurs...

le 1 juin 2020

8 j'aime

Du même critique

47 Meters Down
RAF43
1

"Dans l’océan, personne ne vous entendra crier, de toute façon on s’en fout !!"

Il était une fois deux Américaines, Lisa et Kate, frangines et siamoises, deux têtes pour un cerveau qui s'ennuyaient fermes durant leur séjour au Mexique (c'est bien connu, quand on a vingt piges,...

le 1 oct. 2017

18 j'aime

3

Golem : Le Tueur de Londres
RAF43
8

"La rumeur qui tue !"

Juan Carlos Medina, réalisateur américain d'origine ibérique, s'était fait connaître, en 2012 avec son troublant "Insensibles" et sa horde d'enfants indifférents à la douleur dans une Espagne...

le 24 janv. 2018

15 j'aime

3

Light of My Life
RAF43
8

"La Fille de l'Homme !"

Dans un futur indéterminé, la population féminine a été éradiquée en quasi-totalité par une épidémie (décidément, c’est la mode en ce moment). Un père (Casey Affleck) tâche de protéger Rag (la...

le 3 août 2020

14 j'aime

4