Aujourd'hui, mes chers amis, j'ai mal au fion. Je vous rassures tout de suite, je n'ai pas été enlevé par des proctologues de l'espace adorateurs de la sonde anale, je n'ai pas subit une exploration envahissante du rectum lors d'une fouille au corps perfectionniste et je n'ai pas non plus fais des folies de mon (superbe) corps avec un bon copain vivant dans un ranch et portant des pantalons en cuir. Non, si j'ai le fondement en étoile de shérif, c'est tout simplement devant le sort réservé au nouvel essai de l'ami Rob Zombie, quasi ex-metalleux désormais reconverti en cinéaste fort intéressant.
Alors que le genre est sclérosé par des produits en série qui n'en finissent plus de retourner la même recette dans tous les sens, servant la pâté à un public qui n'en a plus rien à foutre de toute façon, voir un film aussi imparfait soit-il, armé d'une réelle vision d'auteur, privé d'une sortie sur grand écran, condamné à errer dans les bacs DVD dans l'indifférence générale me fait très très bobo au cul cul.
Il faut dire aussi que le nouveau bébé de Rob Zombie, loin d'entrer dans la case bien pratique du cinéma d'horreur, ne s'offre pas aussi facilement qu'une pute à deux dollars en pleine semaine de soldes agressifs. Lynché dans les grandes largeurs dans la majorité des festivals le diffusant, "The lords of Salem" est, de loin, le film le moins accessible de son auteur, et demandera une énorme patience au spectateur, qu'il soit déjà conquit ou pas par l'univers foutraque et déjanté de Zombie.
Enfin libéré de la main-mise de producteurs avides de rentabilité immédiate, le cinéaste se retrouve avec une certaine liberté artistique sur les bras, se payant malheureusement par une ampleur aux abonnés absente. Suite à la mort du comédien Richard Lynch, Rob Zombie devra également abandonner son long prologue qui devait nous entraîner au 17ème siècle, le fragmentant en de brefs flashbacks, réduisant pour le coup la participation de Sid Haig et de Michael Berryman à une simple apparition furtive.
Bancal, le film l'est assurément, souffrant de son manque de budget évident et d'un script rachitique et pas toujours bien construit, notamment en ce qui concerne les personnages, certains, à l'image de celui incarné par la revenante Maria Conchita Alonso, n'ayant qu'une utilité franchement brumeuse. Très long au démarrage avant de s'activer dans ses dernières minutes, "The lords of Salem" est sans aucun doute un film maladroit et abscons.
Mais à côté de ça, on ne peut enlever au film de Zombie une évidente liberté de ton, une envie de se démarquer de la production actuelle, de revenir à un cinéma plus atypique, plus atmosphérique. S'il n'est jamais effrayant, "The lords of Salem" distille cependant une ambiance pesante et inconfortable, proche de bandes comme "Vinyan" ou "Rosemary's baby", plongée apocalyptique dans les entrailles de l'enfer.
Visiblement influencé par Ken Russell, Rob Zombie soigne une fois de plus son cadre, maîtrisant parfaitement sa mise en scène et offrant des images de toute beauté, inscrivant sur l'écran des visions baroques et cauchemardesques absolument grandioses, aussi malsaines que délicieusement outrancières, faisant de sa femme Sheri Moon une madone aussi belle que tragique.
Hanté par des gueules typiques du cinéma de Rob Zombie (Dee Wallace; Ken Foree; Meg Foster...), "The lords of Salem", tout inachevé qu'il est, ne mérite pas selon moi tant de hargne, valant mille fois la concurrence actuelle aussi efficace soit-elle, ne serais-ce que pour sa sincérité et son attachement à un cinéma moins confortable et identifiable.