Uncharted
Avec six films à son actif en vingt-deux ans de carrière, James Gray est un réalisateur qui sait se faire désirer. Dans The Lost City of Z, Gray abandonne la jungle New-Yorkaise qu’il connaît si bien...
le 19 mars 2017
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Il aura fallu attendre presque 7 ans pour que l’adaptation du roman de David Grann, directement inspiré des voyages d’exploration de Percy Fawcett, soit adaptée au cinéma en raison des exigences du cinéaste James Gray. La première étant de pouvoir tourner en forêt amazonienne pour des raisons de réalisme par rapport aux faits et en pellicule argentique, malgré les conditions climatiques sur place très contraignante.
James Gray est à placer, de mon point de vue (ça va de soi), parmi les jeunes auteurs à talent pour qui j’ai une profonde admiration car ce sont des cinéastes qui ont su imposer une patte personnelle en quelques films et qui ont des choses à raconter ou à montrer à travers l’image et les thématiques développés dans chaque histoire écrite de film en film, en l’occurrence ici les rapports familiaux du personnage central qui sont toujours la cause et/ou le déclenchement d’une intrigue.
Et cette inspiration, on le voyait déjà fortement dans son premier film Little Odessa qui est inspiré de la vie personnel de Gray. Le cinéaste new-yorkais bascule, en 5 films, entre le correct (The Immigrant) et l’excellent (j’en profite pour conseiller de nouveau La nuit nous appartient qui reste mon film favori dans sa filmographie) et parvient toujours à développer de façon variés ses thèmes autour des liaisons de sang, que ça soit en traitant du milieu criminel, de l’immigration ou même la perspective d’avenir professionnel et intime dans Two Lovers.
The Lost City of Z marque une nouvelle étape pour Gray, que ça soit avec le casting ou pour sa première adaptation d’une œuvre pré-existante sur grand écran. Et ce n’est pas ce film qui me fera douter des bonnes vues que j’ai sur le cinéma de James Gray, sa patte étant encore une fois très profondément ancrée et mise au service de sa narration.
Mais avant tout, il faut mettre au clair une chose : The Lost City of Z est bien plus une biographie sur la vie d’explorateur et de soldat de Percy Fawcett qu’un film d’aventure que certains espéraient tant. Les voyages en forêt Amazonienne entre la Bolivie et le Brésilr ne se limitant qu’à 3 parties suffisamment longue pour être séduit par l’imagerie et les plans léchées de James Gray, quant à la cité de Z,
elle est plus présente spirituellement que physiquement.
Et encore une fois, qui dit personnage central dit bien sur famille. Puisque ce sont les rapports avec sa famille qui façonne le personnage de Percy Fawcett en plus de servir de point de départ pour chaque voyage qu’effectuera Fawcett en Amazonie à chaque tiers du film mais avec une motivation différente entre chaque tiers et un déroulement qui se détache du précédent à chaque séjour sur les terres des tribus sauvages d’Amérique du sud. Chacun de ces points de départ permettant toujours d’étoffer un peu plus Percy Fawcett et ses rapports familiaux, aimant ou conflictuel, avec sa femme ou ses fils (Jack Fawcett, premier du nom). En plus d’être humblement interprété par Charlie Hunnam en grande forme et nous livre un très passionnant portrait du colonel devenu explorateur sans le prévoir. Robert Pattinson hérite d’un second rôle plus discret en plus d’être méconnaissable en tout point, mais n’en demeure jamais transparent et Sienna Miller, la femme de Percy, a aussi ses bons moments tout comme Tom Holland, actuel Spiderman chez Marvel, à partir du dernier tiers. Même si on apprend plus à connaître Percy que son entourage, Henry Costin ou encore Nina Fawcett n’en perd pas pour autant, et heureusement, en personnalité.
Et j’aurais beaucoup de mal à contredire tout les éloges qui ont été fait sur l’esthétique du film et le tournage en 35 mm en argentique et sur le travail apporté à la photographie par Darius Khondji (déjà directeur photo pour The Immigrant), c’est indéniablement les parties les plus attendus des spectateurs du film et largement à juste titre.
Chaque voyage en Amazonie est aussi sublime pour les yeux que dépaysant et étouffant, les plans ainsi que la teinture de l’image donnant un aspect mélancolique à ce que l’on voit et une histoire pleinement ancrée dans l’époque dépeinte que ça soit en Amazonie ou au Royaume-Uni, point de vue immersion si ça n’atteint pas le même niveau que The Revenant sorti l’an passé, on la sent et on est pris car il y a une atmosphère à chaque voyage effectué. Le soin étant en plus apporté aux mouvements du cadre, et les plans sur les paysages larges et ouverts contrastant ouvertement avec le fleuve restreint et étouffant de la jungle, sans jamais sombrer dans des effets de style tape à l’œil.
La musique de Christopher Spelman remplie correctement sa part du boulot en termes d’ambiance, mais rien de vraiment incroyable à en dire (comme dans The Immigrant d’ailleurs, c’était juste du travail correct sans aller plus loin).
Surtout qu’il effectue un intéressant parallèle entre les tribus amazonienne et la civilisation britannique en pleine course avec les Etats-Unis pour la découverte du territoire. Les aristocrates britanniques pensant plus à la gloire qu’à la découverte à l’inverse de Percy Fawcett, qui sera plus fascinée par la découverte et la culture de cette cité qu’il n’était intéressé par l’honneur et la rédemption du nom de sa famille auparavant. Cela dit, Gray ne tombe pas dans l’exagération inutilement appuyée (ce point est incarné par le personnage de James Murray, joué par Angus Mcfadyen) puisque ce point là est savamment mélangé dans le deuxième tiers et que le principal reste la quête de la cité perdue.
Enfin, si la découverte de l’Amazonie et la cité idéalisée par Fawcett est constamment présente, jamais on ne saura à quoi elle ressemblait, James Gray l’idéalise à travers son personnage pour laisser place à l’imagination des spectateurs et du colonel britannique.
Au final on ne saura pas à quoi elle a ressemblé, on n’aura que les idylles du colonel et les trois voyages sur la terre des tribus amazonienne pour avoir une vague idée et ce n’est pas plus mal de laisser libre cours à l’imagination du spectateur. Imagination renforcé par la dernière scène père/fils entre Percy et Jack auprès d'une tribu amazonienne et un rituel coutumier aussi étrange qu'envoûtant et beau, encore une fois.
Certes, j’aurais espéré un film plus dépaysant comme semblaient le montrer les bandes-annonces et on pourra chipoter sur certains points survolés comme le conflit territoriale entre le Brésil et la Bolivie pendant ce début de 20ème siècle, et sa lenteur laisseront surement certains sur le quai. Mais malgré ça, James Gray sait reprendre ses thématiques pour ensuite en apporter d’autres tout en restant fidèle à sa patte personnelle, tant visuelle que filmique et sincèrement, ça me plaît. J’ai aimé ce qu’il proposait en drame familial, en thriller policier, en film romantique, il est naturel que j’ai énormément apprécié ce qu’il a montré sur ces 2h20 en film d’aventure sur fond de biographie. Et avec son annonce récente de s’attaquer à la science-fiction avec le projet Ad Astra, ça sera une occasion en plus de voir le cinéaste élargir son champ de vision… un peu à l’image de Denis Villeneuve plus récemment.
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Créée
le 16 mars 2017
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