Bale épate, le manchot devant.
Huis clos teinté de gris, à l'ambiance noire et à l'onirisme lumineux, The Machinist est un film empreint d'une sorte de mélancolie sous-jacente, à la fois tordue et touchante.
Difficile de vraiment parler de l'intrigue et du personnage de Trevor Reznik sans spoiler. Difficile de parler d'un sentiment qui pourrait mener un homme à se perdre; perdre son corps kilos après kilos, perdre son sommeil, perdre la notion de temps, perdre la tête au point de se laisser des post it comme le petit poucet disséminerait des cailloux blancs.
Et effectivement il s'agît bien d'un homme perdu dont le spectateur ne connait rien si ce n'est son poids d'autrefois et qui suit ces cailloux blancs que quelqu'un aurait laissés pour lui. Perdu dans le temps (01:30:02s heure locale) et dans l'espace, puisqu'il semble toujours passer et repasser par les même lieux.
Un homme que l'ont voit à un moment du film se laver les mains avec un produit du nom de "Pure Lye"...
Christian Bale, ma tête de connard préférée (cf liste), ne s'est pas contenté de maigrir pour la performance mais a perdu du poids pour en donner à son personnage. Ce qui est étrange avec Bale c'est que jamais il n'a l'air aussi humain que lorsqu'il campe des personnages abîmés, habités et pathétiques. Difficile de ne pas ressentir une espèce de compassion ambigue pour ce rôle intense de somnambule cachectique toujours sur le fil, crevant de fragilité.
Un film servi par une très bonne direction artistique et dont la musique "Hitchcoquienne" achève de lui donner une personnalité propre, presque envoutante.
P.S: Aupravant ma note était 8, montée à 9 après un second visionnage 4 ans plus tard.