On ne fait pas de films avec des idées. Concrètement, on ne fait RIEN avec des idées. Une idée en soi n'a aucune valeur et qu'une très faible utilité. C'est la mise en oeuvre qui en détermine le génie, le caractère révolutionnaire, la beauté (pour plus d'infos, lisez Kant). On vous le dira dans tous les domaines. Et c'est d'autant plus vrai en art.
J'ai vu des films un peu faibles sublimés par une belle idée de fond (genre Equilibrium), mais, après avoir vu The Man from Earth, je crois que je ne verrai jamais l'inverse.
Pour un mauvais film, on est dans la pire configuration possible : un huit-clos tenu par des dialogues. Et rien d'autre. Sauf que les dialogues sont horribles. Grossièrement écrits. Faux. Et mal interprétés par une équipe d'acteurs pas terribles. Une mention spéciale à l'interprète du protagoniste, David Lee Smith, pour ses expressions de désespoir et de résignation dignes d'un métrage muet d'avant-guerre.
Si les acteurs ne sont formidables, ce n'est pas seulement dû à des dialogues immondes et un manque manifeste de talent, mais également à l'écriture de personnages grotesques. Chaque réplique, chaque plan, chaque scène nous enfonce un peu plus dans la caricature et la tristesse.
Pour couronner le tout, même le décor est chiant, rythmé par un jeu de chaises musicales bien téléphoné. Avec une valse du mobilier, un entracte Beethoven (sorti de nulle part) et des vas-et-viens "Je dois prendre l'air !" de dramaqueen de 14 ans.
Ce film aurait pu être génial si le réalisateur était allé au bout de son truc et avait joué de la pauvreté du jeu, du décor, du script, en proposant de vrais partis pris.
L'histoire de la baraque qui se vide au fil du film est cool : elle aurait pu être une vraie métaphore de la façon dont les personnages perdent peu à peu leurs repères spatio-temporels, de comment leur (représentation du) monde est en train de changer. Mais au final, la disparition de quelques meubles ne modifie pas profondément la configuration de la pièce et le confort de ceux qui y siègent.
L'aspect caricature aurait pu être jouée à fond pour créer du contraste entre les sujets sensibles et nuancés abordés et les convictions et tempéraments bien trempés des personnages. Ils auraient pu être hauts en couleurs, excessifs, intenses. Mais ils sont justes chiants, globalement répugnants, et mal joués.
En somme, le film essaie de jouer la carte de l'authenticité et du réalisme jusqu'au bout, alors qu'il n'en a pas les moyens. Sauf que ça donne juste l'impression d'un sévère manque de vision, d'ingéniosité et clairement : de bollocks.
Pour moi, cette moyenne SC à 7,3 reste donc un épais mystère, peut-être aussi mystérieux que l'histoire de John Oldman...