Le Bureau des... Lamentations

En fait, mon plus gros souci avec cette série c'est la "likabilité" de ces personnages.

Je ne me suis attachée à aucun d'entre eux, à part Aaliyah Amrohi (interprétée par Stephanie Nur). Pour le reste, franchement ils pouvaient crever, perdre un oeil ou se mettre à parler polonais, ça m'était profondément égal.

Ils étaient tous tellement antipathiques que je me suis plus attachée à un personnage secondaire* apparu 2 minutes à l'écran qu'à Joe, son mari, ses filles, ses boss ou n'importe quel membre de son équipe.

Outre ce problème de taille, voici d'autres points qui m'ont gênés pendant le visionnage :

- Le montage est parfois un peu dégueulasse : on passe 2 minutes dans le salon d'un personnage puis 2 minutes dans le lit d'un autre à l'autre bout du monde, puis 1 minute dans une planque qui n'a rien à voir, avec des niveaux d'intensité qui n'ont rien de comparable et aucun liant ou lien qui justifie ses juxtapositions rapides.

- La vie personnelle de Joe était terriblement ennuyeuse et bouffait énormément de temps d'écran. A la fin, je passais toutes ces scènes car elles tournaient en rond sur les mêmes thématiques en n'apportant strictement rien.

- La relation de Nicole Kidman et son mari est sans queue ni tête, et leurs dialogues sont volontairement aussi compréhensibles que des incantations de druides et de magie. Dans leur maison, il est d'usage de parler en devinettes du père Fourras. Bon, il faut bien le dire, l'espionnage, ce n'est pas mon truc. Je trouve que c'est le genre qui permet de faire des films et séries pompeux, inutilement cryptiques, difficiles à suivre sous prétexte que, l'espionnage c'est très très compliqué, et donc c'est au spectateur de décoder. C'est tellement fainéant. Ou c'est moi qui suis fainéante en fait, mais bref, tout ça pour dire que je trouve les dialogues entre Kidman et son mari sont la quintessence de ce que je n'aime pas dans ce genre : des gens qui se parlent en charade et périphrases pour se donner de grands airs. "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement"./

- Vraiment très très abordable cette cible quand même. On demande à une espionne sans le moindre entraînement et pourvue d'absolument zéro sens du relationnel de s'incruster dans la vie d'une jeune femme ultra riche avec pour seule aide un traceur GPS et un sac Chanel, mais tout roule. Par chance, Il se trouve que c'est la personne la plus aimable, humble et naïve de tous les temps, si désespérément en manque d'amis sincères et véritables qu'elle est prête à befriender n'importe presque de force en moins de 10 minutes... Un peu easy quand même.

- Il y a d'énormes incohérences :

1. Cruz n'a pas un pèt' de muscles (à part quelques abdos) donc je ne vois pas où elle pourrait aller chercher ses 114 pompes et 28 tractions, en fait. A un moment donné, faut arrêter de nous faire croire qu'avec un physique de mannequin qui se nourrit de pépins de raisins, on peut faire des perf de fous furieux. C'est non seulement faux mais en plus c'est dangereux. Merci.

2. J'ai vraiment beaucoup de mal à croire qu'on puisse discuter d'une opération d'infiltration classifiée au restaurant avec sa boss. Mais bon, admettons.

- Personnellement, je n'ai pas su quoi penser du fait que beaucoup de mecs que croise Cruz soient des prédateurs : son keum, puis le mec de la fête, puis un autre mec dans la boîte... Ceci dit, au vu des stats de viols et agressions sexuelles, de son physique avantageux, et du fait que les prédateurs ont un don inné pour identifier les victimes d'abus et les attaquer spécifiquement, on va dire que c'est OK. En revanche, totalement incohérent de le castrer dans la forêt en révélant qu'on a déjà été en Afghanistan, maaaaais bon.

- Pareil, la façon dont ils ont géré les cambrioleurs dans la planque, je n'ai vraiment pas compris le délire : tu les terrorises, puis tu les payes en les menaçant... Ca marche ça ? Et fallait vraiment faire venir un mec de NY en jet pour gérer cette situation ? Personne d'autre pouvait leur filer 300 dollars agrémentés un discours anxiogène ? Apparemment, non.

- La fin était nulle à chier. La réaction d'Aaliyah... Allô. Ton monde s'est effondré en 30 minutes en fait : soit tu ugly-cry, soit tu es tellement médusée que tu restes totalement hagarde mais les jolies petites larmes qui brillent sous la lune sont vraiment déplacées là. Non, au lieu de ça, d'une belle émotion cathartique comme seul le 7ème art peut en offrir, on se retape une putain de scène où Joe annonce à son mari amoureux et compréhensif qu'elle a passé une énième mauvaise journée. PUTAIN.

En définitive, je trouve que c'est une série sans âme, qui se drape de géopolitique internationale et de "relatability" pour se donner un genre, mais qui tient sur des dialogues répétitifs et des dynamiques relationnelles qui n'évoluent pas du tout ou extrêmement lentement. Avec un tel budget, on aurait pu faire bien mieux. La preuve : le Bureau des Légendes a fait 1000 fois mieux.