Et si on parlait un peu ?
Les films de science fiction ou fantastiques fauchés, il vaut mieux s'en méfier. C'est vrai que l'avantage, c'est qu'on ne tombe pas dans la surabondance d'effets visuels au détriment d'une histoire pas toujours intéressante au-delà du plaisir des scènes d'action. Mais en même temps, on peut très vite tomber dans la complaisance du geek qui veut tout révolutionner. Ici ça va, les auteurs font preuve de maturité (tu m'étonnes, vu l'âge du scénariste), mais il n'empêche que ça reste assez peu palpitant.
"The man from Earth" est un film très bavard. Un huis-clos de science fiction (moi j'aurais dit fantastique), sur Terre, dans une petite maison loin de la ville, sans aliens, sans monstres. Intéressant. Très vite, l'idée principale est lancée, exploitée. Mais très vite, le ton s'essoufle. Ce qui me gêne, c'est qu'au final, il s'agit plus d'un cours d'histoire teinté de philosophie que d'un scénario. Où sont les conflits ? Où sont les résolutions ? Où sont les personnages ? Il n'y a rien, tout est vide : les personnages sont au service d'un discours sur la connaissance et sa transmission, si certains font semblant de ne pas vouloir écouter ou de ne pas vouloir parler, ils se trahissent très vite... en écoutant ou en parlant... sans que rien ne les y force vraiment. Les questions des personnages m'ont paru un peu faciles, prêtes à ce que le héros sache répondre quelque chose de convaincant. Et puis surtout, j'ai ressenti comme une certaine redondance après 45 minutes de film. Tout avait déjà été dit. On atteignait déjà une forme de surenchère verbale (j'ai connu Van Gogh, j'ai été pote avec Buddha, ...). Pas besoin d'en rajouter (et pourtant...). Et puis ce double twist final, facile pour terminer une histoire qui n'en est pas vraiment une...
La mise en scène est minimaliste ; le réalisateur a bien compris qu'avec une telle histoire, il ne fallait pas s'encombrer d'un découpage fastidieux et se contenter de simples champs et contre-champs. Malheureusement, en contre-partie, peut-être par peur que le spectateur ne trouve le temps long, il se permet de coller des musiques sur presque toute la longueur du film. À un seul moment, la musique sera pertinente, c'est-à-dire lorsque les personnages écoutent Beethoven. Ce qui est dommage, c'est que cette srutilisation d'un fond sonore va à l'encontre du minimalisme de l'image, et déforce même le texte. Mais en même temps, il ne se passe tellement rien, même au travers des mots...
Bref, une idée de base intéressante, mais finalement assez faiblement développée.