Des choses gentilles à dire sur ce film :
Un homme absorbé par l’observation d’une centrale. À l’air libre, dans les herbes hautes, il mastique frénétiquement un chewing-gum, forme machinalement une belle bulle bien ronde qui éclate dans un bruit sec tandis que s’ouvre le générique. Sur fond de musique seventies, on découvre davantage le personnage de Makoto (Kenji Sawada) le visage d’abord collé à la vitre d’un métro bondé. Il est professeur de physique. Il n’est pas à sa place. Ou peut-être est-ce le monde autour de lui qui n’est pas à la sienne.
L’ouverture de The man who stole the sun donne pas mal de clés. Mais pas toutes. Si on sait que Makoto a un côté enfantin, un côté poète, un côté désabusé et que sous ses airs d’albatros qui dort parfois pendant ses cours ou se livre à des imitations de Tarzan dans la cour du lycée, ça reste une pointure dans son domaine, on ne sait pas véritablement ce qui va le motiver à construire une bombe atomique dans son appartement. Lui-même ne semble pas savoir non plus.
Il y a un peu de curiosité scientifique dans sa démarche, un peu de lubie aussi, de celles qui aident à tenir jusqu’au lendemain et au jour d’après, la construction de la bombe va même alimenter ses cours et se heurter à la totale indifférence de ses élèves, mais rien qui ne ressemble à un but autre que la construction de la bombe atomique pour la construction de la bombe atomique. Si bien qu’au moment où les premiers échanges avec les autorités ont lieu, Makoto avoue ne pas avoir réfléchi à la question des revendications. Il se rabattra dans un premier temps sur la retransmission en intégralité d’un match de baseball... Faute d’avoir réussi à dresser sa liste de revendications (sur laquelle il travaille en cours), il demande ensuite la participation de la population lors d’une émission de radio, nourrissant dès lors chez l’animatrice une certaine forme de fascination.
De fait, The man who stole the sun oscille entre comédie, thriller psychologique, bon vieux policier et romance. Les repères sont aussi brouillés quant aux deux personnages principaux Makoto, le trouble fête qui veut hurler son désarroi à la face du monde, et Yamashita (Bunta Sugawara) le flic qu’il a lui même contacté pour lui faire face.
La propension de Makoto à recourir au déguisement, en femme enceinte notamment, la bombe faisant office de ventre arrondi (quelle super image), le classe dans la catégorie génie du mal, une figure qui a, dans l’absolu, quelque chose de fascinant. Makoto est même attachant. Il dégage quelque chose de juvénile (souligné aussi par les référence à la culture populaire qui peuvent lui être attachées : Tetsuwan Atom : Uchû no yûsha, Ultraman Leo...) qui contribue petit à petit à l’asseoir comme héros au détriment de l’inspecteur Yamashita, symbole d’ordre, de rigidité et d’intransigeance, auquel Bunta Sugawara de surcroit prête ses traits burinés et sa brosse raide.
Le récit de Leonard Schrader (le frère de Paul) articulé autour de Makoto fait qu’on marche dans ses pas. La mise en scène de Kazuhiko Hasegawa et l’interpretation de Kenji Sawada donnent une envie irrépressible de l’accompagner foutre des coups de pieds dans les fourmilières... quitte à perdre ses cheveux par poignées et vomir ses dents et le reste.
Avec The man who stole the sun, Schrader et Hasegawa cernent un monde et une époque, qui derrière une certaine forme d’insouciance et de légèreté, sont sur le point d’exploser. À moins qu’ils aient juste capté un petit bout de ce qu’est l’humanité. Bref, un bijou punk et nihiliste.
Hum... ce film ne compte assez d'ingrédients pour jouer au bingo avec une grille de 36 cases, mais voilà quand-même les 23 ingrédients repérés
Personnage > Agissement
Chute dans le vide en criant « Aaaaaah ! »
Mort | Meurt dans les bras d’un autre personnage
Stylé | Fais demi-tour d’urgence au mépris de la circulation
Personnage secondaire
Foule qui se jette sur des billets éparpillés dans un espace public
Réalisation
Course-poursuite | Véhicules (de police) en surnombre qui prennent toute la largeur de la voie
Course-poursuite | Voiture qui saute par-dessus le camion ou le train qui lui bouche la route
Démarre sur les chapeaux de roues
Fin | Image figée
Grammaire | Ralenti lors d’une chute ou d’un saut dans le vide
Homme torche qui s’agite en tout sens
Réalisation > Accessoire et compagnie
Arme | Clic au lieu du Bang
Pouet-pouet | Déguisement
Réalisation > Audio
Bruit exagéré | Balles qui ricochent contre du métal
Bruit générique | Chat
Scénario > Blague, gag et quiproquo
Ronflements
Scénario > Élément
Localisation de coup de téléphone
Raccroche au nez des flics juste avant d’avoir pu être localisé·e
Un·e proche meurt sous ses yeux
Scénario > Ficelle scénaristique
Chute d’un personnage depuis le toit d’un immeuble ralentie par des antennes, des fils à linge, des stores extérieurs...
Scénario > Situation
Situation | Surenchère de carambolages
Thème > N’importe quoi
Accessoire | Gaspillage alimentaire
Carton-pâte | Impacts de balles dans les pieds des personnes ciblées
Non-suspension d’incrédulité | Disparaît comme par enchantement
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Barème de notation :
- 1. À gerber
- 2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
- 3. On s'est fait grave chier
- 4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
- 5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
- 6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
- 7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
- 8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
- 9. Gros gros plaisir de ciné
- 10. Je ne m'en lasserais jamais