-Je viens à peine de finir le film il y'a quelques minutes. Je suis vraiment impressionné, c'est peut-être le plus grand film d'horreur que j'ai vu de ma vie, peut-être. Le meilleur de l'année probablement derrière le Pedro Costa; j'en sors on ne peut plus enthousiaste.
-Film thailandais donc, un Apichatpong mais version hardcore/gore (car ici les démons remplacent les fantômes), signé par un cinéaste que je ne connaissais pas du tout, et dont il faudra donc que je vois les précédents travaux à la loupe. Le film est long, 2 heures, le démarrage un poil poussif, mais bon sang, quand ça démarre, ça démarre, et on est happés de bout en bout ! Un voyage dans le pays des esprits malicieux des démons farceurs et, surtout, de l'irrécusable et monstrueuse étrangeté du monde. Non seulement vous allez avoir peur, insidieusement, petit à petit, mais vous allez en plus adorer ça, oh oui !
-J'ai beaucoup aimé le fait que le film prenne son temps petit à petit, on ne nous montre pas le démon au début, non, tout ça vient au fur et à mesure, on ne voit le démon qu'après 1 heure de film je crois, je dis ça un peu au pif mais enfin voilà, c'est pour dire que le film installe son atmosphère et privilégie sa mise en scène aux effets, qu'il refoule au maximum et tant qu'il peut. Ainsi la tension ne monte vraiment qu'au troisième tiers, ce qui, pour un film de genre, est d'un timing parfait et d'un bon goût certain. Le film alterne bien entre le documentaire et la fiction, car il est sensé selon le scénario être un "modeste reportage sur la vie des shamans mais qui, soudain, prend une tournure inattendue...", et cette bascule entre les deux en profitant de cette petite astuce scénaristique est d'une intelligence folle, je dis car bien bien souvent les astuces scénaristiques se métamorphosent en échecs de mise en scène, là non, car le réalisateur est aussi inspiré qu'ingénieux.
-J'ai adoré le travail sur le son, qui est toujours primordial pour installer l'ambiance dans ce genre de films, mais, en fait, j'ai tout adoré, les personnages les plans tout, même la personnage qui devient la démone est d'un réalisme absolue. J'ai cru à tout ! On a même droit au dernier tiers aux fameuses scènes de caméra de nuit qui filment la maison quand tout le monde dort, mais le film a l'intelligence de ne pas faire ça sur 2 heures, plutôt sur la fin, et en alternant le montage avec d'autres scènes en parrallèles, c'est dire l'intelligence du film, sa parfaite lucidité, bref, s'il fallait définir ce film en un mot, vous l'aurez compris, ce serait celui d'intelligence.
-J'ai mis 9 au lieu de 10 car c'est un film de genre, mais j'aurais pu mettre 10, ce n'est pas choquant à un tel niveau de perfection de mise en scène. Le film sinon a été une grosse réussite au box-office parait-il, ça fait plaisir.