J'avais beaucoup aimé The strangers de Na Hong-Jin donc j'attendais beaucoup de ce film et je n'ai pas été déçu. Strangers était un film d'horreur dans lequel plusieurs religions se mêlaient ce qui était prétextes à différentes scènes de rites, dont une scène d'exorcisme de chaman coréen très marquante de par son intensité et son réalisme. The Medium prend un parti encore plus radical, en se faisant passer pour un documentaire quasi ethnographique, ce qui signifie que le film se passe souvent en caméra à l'épaule, mais prend aussi le temps de suivre ses personnages principaux, une chamane et sa famille. Le génie de ce film c'est que l'aspect documentaire renforce complètement l'aspect horreur puisqu'il permet d'installer une atmosphère. Ainsi tout le réalisme créé par le docu rend la fiction encore plus terrifiante. Pas besoin de monstres hideux faits par ordinateur quand on a installé un quotidien dans lequel les esprits viennent surgir de plus en plus violemment.
La scène qui pour moi montre à quel point le film a réussi son parie esthétique est la suivante :
Quand on découvre la statue du dieu décapité. Quels frissons et quelle tension à ce moment là, et pourtant, aucun monstre dans la scène..! On nous a déjà présenté le lieu comme sacré, reclus, un peu sinistre. Entendre les hurlements, sentir le cameraman qui court jusqu'à l'endroit caméra à l’épaule pour finir sur le plan de la statue décapitée est absolument glaçant. Ce n'est qu'une statue mais parce qu'on a vu les rituels d'offrande autour d'elle, parce qu'on a suivit la vie de la chamane qui est centrée autour de cette divinité, on ressent sa terreur face à cette découverte.
C'est la force de Na Hong-Jin, plutôt que d'aller chercher des monstres toujours plus horribles, ou de trouver "le truc" qui peut encore faire peur. Il réussit à donner vie aux mondes des croyants, des légendes locales et superstitions, dans lesquelles on doit faire attention au mauvais présage, et on devient terrifié les esprits maléfiques.