(Critique à chaud, garantie sans Spoilers, même les balises spoilers ne sont pas vraiment des spoilers)
Après Journey to the west - Conquering the demons et 3 ans d'attente, voilà le retour du fils prodige de la comédie de Hong Kong, Stephen Chow qui débarque avec son dernier film sous la nageoire: the Mermaid!
Si ce dernier a depuis Shaolin Soccer pris un tournant dans sa carrière en cherchant à s'internationaliser (abandonnant petit à petit les plagiats sauvages, le recyclage d'idées et la réalisation faite à la hâte ou improvisée pour d'avantage se concentrer sur un produit réfléchi et travaillé), avec The mermaid, il prouve véritablement que sa maîtrise de la caméra est arrivée à maturité. Les plans s'enchaînent de façon voluptueuse et fluide, la photographie est soignée, c'est beau et coloré, plus qu'un Journey to the west qui était déjà esthétiquement réussi.
Cependant, les 30 premières minutes retombent dans les travers des productions chinoises que l'acteur-réalisateur tentait d'éviter au maximum depuis quinze ans: les FX brouillons destinés à des concepts trop ambitieux pour eux et/ou mal préparés en pré et post-prod.
On sentait que depuis Kung Fu Hustle, quand il n'était pas CERTAIN d'un rendu sur des images de synthèse, Stephen Chow supprimait tout simplement le plan (ou il le re-tournait d'une autre façon) pour ne garder que les éléments dont il n'aurait pas à avoir honte, même 10 ans plus tard. Et là, les 30 premières minutes sont bourrées de bonnes idées, la star a voulu démarrer au quart de tour sa plongée dans le vif du sujet, mais les FX ne suivent pas et ne sont franchement pas toujours réussis.
Pour les aficionados que nous sommes (oui, parce que si tu lis la critique de ce film "obscur", je présume que tu n'es pas là par hasard), pas de problème, ça ajoute même un certain charme, "un cachet un peu cheap à la sauce HK " que l'on ne trouvera pas ailleurs qu'en Asie, mais pour quelqu'un qui n'est habitué qu'aux productions US de Marvel, ces effets visuels seraient simplement grotesques ou pire, foireux. Très peu de chances, donc, de voir ce film s'exporter dans les salles obscures européennes (voire même plus généralement occidentales).
Enfin bon, le plus important, c'est que la patte Stephen Chow n'a pas bougé d'un iota, il a le don pour dénicher et diriger des acteurs candides, parfois même stupides mais attachants, et malgré quelques recyclages d'idées qui n'échapperont pas à ceux qui connaissent un peu sa filmographie (comme ce fut le cas aussi dans CJ7), on prend plaisir encore une fois à replonger dans son univers délirant, frôlant parfois le manga de par son absurdité...
Oui, parce que au cas où vous ne le sauriez pas, Stephen Chow est aussi un grand amateur de mangas, il en a même repompé certains jusqu'à la moelle à plusieurs reprises, comme par exemple "Noritaka" avec son "Love on delivery".
Mention spéciale ici pour l'homme poulpe, ainsi que pour la crique des sirènes au design très "One Piece-esque", ou encore le fameux gag vu dans les trailers des 2 policiers qui tentent de faire le portrait robot d'un personnage mi-humain, mi-poisson, quasiment repris à l'identique du manga.
Luffy le roi du portrait robot
Le moine de son précédent film à la jambe démesurée faisait d'ailleurs déjà lui aussi fortement penser à Luffy, le héros du dit manga, et à son attaque en mode Gear 3
Tout ceci nous faisant encore une fois regretter de l'avoir vu abandonner la réalisation du projet Dragonball (qui est devenu La bouse Dragonball evolution que l'on connaît) pour n'y apparaître qu'en simple producteur... Surement la faute à un scénario complètement daubé du fion imposé par le studio et pas fidèle pour un sou à celui de l'oeuvre originelle, sans parler du manque de libertés plus que probable que l'on accorde à un réalisateur étranger quand il met les pieds à Hollywood... Mais je m'égare et je ne veux pas ressasser ce lourd traumatisme...
Bref, The Mermaid, clairement pas le meilleur de la filmo' Stephen Chow, mais qui reste tout de même un joli conte sympathique à voir avec, comme d'habitude, plusieurs têtes connues de ses films qui viennent faire des petits caméos plus ou moins discrets...
Et puis fait non négligeable, le message écologique ambiant très occidental diffusé ici par le réalisateur dans un film destiné essentiellement au marché chinois (où il a explosé tous les records) ne peut VRAIMENT pas faire de mal, à l'heure où le pays ne respecte (en tout cas aux dernières nouvelles) aucun accord concernant la protection de l'environnement (pollution, surpêche, massacre d'espèces protégées, shark finning, etc).