Réalisateur indé de l’école new-yorkaise, Baumbach revient avec une nouvelle variation de ses thèmes de prédilections.
Voir Noah Baumbach en Compétition Officielle lors du 70ème Festival de Cannes est un petit événement. Non pas parce que THE MEYEROWITZ STORIES fait partie du Netflix-gate, mais parce que ce réalisateur classé indé peut bénéficier d’une vitrine majeure afin de dévoiler son cinéma, d’habitude destiné à être vu par une frange d’initiés (le terme est à relativiser, cependant). Après deux fictions largement en dessous de ce qu’on attend de lui, Baumbach revient avec une énième variation sur des motifs qu’il affectionne : la famille jonchée de dysfonctionnements, des personnages différents. Avant tout un cinéma de personnages, il est tout à fait envisageable que l’on ne soit pas réceptif aux caractéristiques de l’œuvre du metteur en scène américain. Une forme de cinéma aussi restreinte laisse forcément une partie du public sur le pas de la porte. Qu’importe, Baumbach n’est pas du genre à se renier.Photo de The Meyerowitz stories de Noah BaumbachTHE MEYEROWITZ STORIES raconte comment les membres d’une famille tentent de régler les différents qui les tourmentent. On est en terrain connu, les marqueurs sont présents. Fin dialoguiste, Baumbach s’entoure d’un délicieux trio masculin composé d’Adam Sandler, Ben Stiller et Dustin Hoffman, s’en donnant tout trois à cœur joie dans des scènes où se juxtaposent le rire, une légère irrévérence et une couche sourde d’émotion. On n’en sort pas ému aux larmes, mais plutôt profondément pris par un blues existentiel. Baumbach ne manque pas de poser un regard tendre sur sa bande, malgré leurs défauts. Tout le film se joue sur ce point, sur l’aptitude à capter notre attention en dépit du choix d’une mise en scène très plan-plan.
À l’apparition du générique final, on prend conscience que ce n’est pas avec THE MEYEROWITZ STORIES que Baumbach a enfin accouché d’un grand film. Il ne faut pas se faire d’illusions, ça ne sera probablement jamais le cas s’il ne sort pas d’un modus operandi limité. Au demeurant agréable, rien ne nous empêche de passer un bon moment devant cette comédie fait avec entrain, dans laquelle Adam Sandler survole. L’occasion de rappeler à quel point cet acteur, lorsqu’il est exploité à sa juste valeur (voir pour s’en convaincre, Punch Drunk Love de Paul Thomas Anderson), est d’une importance capitale dans l’univers de la comédie américaine. Et Baumbach lui doit beaucoup sur ce coup.
Par Maxime Bedini pour Le Blog du Cinéma