Takashi Miike. L’homme au 90 films en 25 ans de carrière!
(...) Cinéaste bien installé dans la production nippone, il dispose à chacun de ses projets de budgets plutôt confortables, et même s’il ne réalise pas un chef d’œuvre à chaque fois, il est toujours généreux. Un peu comme The Mole Song : Undercover Agent Reiji de ce soir. Adapté du manga Mogura no Uta de Noboru Takahashi, le film de Miike est un délire pop qui trace très vite, à l’image de ce plan d’ouverture représentant une voiture qui fonce à très vive allure, sur le capot de laquelle est attaché nu notre Agent Reiji. L’intrigue est exposé dés le début de manière très claire par le personnage principal, et ressassé tout le long du film, sans pour autant tomber dans la répétition car étant utilisé à chaque fois comme ressort comique : la Mole Song ( la chanson de la taupe ) est sûrement l’une des meilleures séquences du film et est réutilisé à maintes reprises lorsque Reiji à des doutes sur sa mission et sonne ainsi comme un leitmotiv qui… motive justement.
La grande force du film réside dans le fait que dés qu’il commence à s’essouffler, et pourrait devenir d’un ennui profond malgré la débauche visuelle, le réalisateur, en mélangeant différentes techniques de mise en scènes ( animation, effets spéciaux, ralentis… ) et différents registres ( action, comédie, policier… ) y réinjecte une espèce de force vitale qui n’est jamais prétentieuse mais est au contraire prête à se moquer d’elle même. Je pense notamment à ces nombreux regards caméras comme si les personnages scrutaient l’écran de l’intérieur, à la recherche des spectateurs. Je ne peux pas m’empêcher de comparer ce film à Tokyo Tribe du grand Sion Sono ( deux heures de comédie musicale rappée sur fond de guerre de gangs ), vu quelques mois auparavant à l’Étrange Festival ( dans lequel j’avais également vu le dernier film de Miike… enfin, un autre nouveau film ), car les deux sont non seulement visuellement très proches et adaptés d’un manga mais également habités par cette même force vitale qui les font tracer, et cette même débauche décomplexé qui veut nous inviter deux heures durant à une espèce de voyage initiatique au sein des yakuzas pour l’un ou des gangs de Hip-Hop pour l’autre. C’est d’ailleurs là le défaut majeur de The Mole Song, la musique est très pauvre et à part la chanson de la taupe, on n’en retiendra pas grand chose, là où Tokyo Tribe nous faisait saigner les tympans pendant toute la durée de la projection. Même si le film laisse un petit arrière-goût de déjà vu et n’est pas la claque attendue, il se regarde avec plaisir et on se marre bien pendant deux heures. Certaines fois, on en demande pas plus.