The Monkey
5.4
The Monkey

Film de Oz Perkins (2025)

Quand Hal et Bill, deux petits jumeaux à la relation conflictuelle, découvrent un singe mécanique dans les affaires laissées par leur père disparu, les cadavres (ou ce qu'il en reste) se mettent subitement à se multiplier autour d'eux à chaque fois que les rouages du mystérieux jouet sont enclenchés...


Entre une fausse adaptation ressemblant fortement à un plagiat ("Le Singe du Diable" de Kenneth J. Berthon en 1984, le nom de King n'est même pas au générique) et une autre plus fidèle mais restée à l'état de moyen-métrage confidentiel à petit budget ("The Monkey" de Spencer Sherry en 2023), la nouvelle de Stephen King sur ce fameux p'tit singe à cymbales, jouet maudit déclenchant d'improbables morts violentes dès que ses petits bras mécaniques s'agitent, se devait forcément d'être portée un jour ou l'autre sur grand écran avec une ambition à la hauteur de son postulat si attrayant pour tout amateur de joyeux massacre.


Ça tombe bien, c'est aujourd'hui le cinéaste Osgood Perkins, spécialiste des atmosphères particulièrement glauques (son "Longlegs" a marqué les esprits sur ce point en 2024, on lui préfère son "I Am the Pretty Thing That Lives in the House" de notre côté), qui a décidé de s'en saisir pour rendre peut-être enfin justice à cette nouvelle et à la soif de sang de son petit primate automate muni cette fois d'un tambour.

S'aventurant pour la première fois sur un terrain beaucoup plus léger, Perkins ne déçoit évidemment pas (comme à son habitude) sur l'aspect purement formel de "The Monkey", avec la construction d'un parfait univers esthétique de farce macabre, propice à un enchaînement d'exécutions aussi absurdes les unes que les autres (et Dieu sait que ce singe à une nette propension à faire exploser les corps de toutes les façons possibles !) et à des situations/personnages loufoques dans la veine d'un film des frères Coen qui aurait tourné au délire morbide.

Toujours aussi surdoué pour nous faire retenir notre souffle au moindre coup de baguette porté sur le petit tambour et capable de trouvailles visuelles encore plus surprenantes sur certaines séquences oniriques, Perkins prouve encore une fois qu'il est un des metteurs en scène contemporains du genre des plus imaginatifs, notamment par un sens aiguisé du découpage et une direction artistique tout bonnement superbe pour servir ses envolées formelles. On saluera également la prestation de sa troupe de comédiens (où Perkins passe lui-même une tête en oncle déluré aux côtés de quelques sympathiques guests), notamment la prestation de Theo James dans le double rôle de ces frères ennemis, celui que l'on avait comme un play-boy endive dans la saga "Divergente" a décidément passé un nouveau cap ces dernières années (en plus d'être devenu le sosie non-officiel de James Franco).


Malheureusement, et comme un peu trop souvent dans la filmographie de Perkins, s'il n'y a pas grand chose à reprocher sur le talent du bonhomme derrière une caméra, le fond va poser plus de problèmes pour que l'entièreté de la proposition puisse nous emporter avec elle.

Malgré la puissance du concept du jouet maléfique, il faut en effet bien reconnaître que le format court de "nouvelle" du matériau d'origine se fait peu à peu cruellement sentir durant le long-métrage tant tout ce qui y a été brodé autour de nouveau (cette relation dysfonctionnelle de jumeaux sur le long-terme et ses répercussions traumatiques) a dû mal à impliquer le spectateur au sein de ce second degré permanent qui empêche toute tentative de profondeur dramatique plus poussée.

De facto, le tour de cirque sanglant de "The Monkey" va parfois paraître plus long qu'il ne l'est en réalité, étirant des enjeux sans doute trop maigres pour justifier une telle débauche de talents via sa représentation à l'écran, et finalement ne provoquer que des sourires certes francs là où des éclats de rire bien plus mémorables étaient attendus.

Et on ne peut que le regretter car l'idée des vilains tours de ce p'tit singe roublard vus par Osgood Perkins nous avaient fait sacrément saliver... Si elle a le mérite d'offrir pas mal de vrais bons moments amusants, la farce est hélas moins marquante que prévue.

RedArrow
6
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le 21 févr. 2025

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RedArrow

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