The Monkey
5.5
The Monkey

Film de Oz Perkins (2025)

Il est difficile de concevoir qu'une œuvre de Stephen King puisse être à ce point dénaturée. Avec The Monkey, Osgood Perkins propose une adaptation déroutante, non par son originalité, mais par son incapacité flagrante à susciter la moindre émotion authentique. Le film se présente comme une comédie-horreur, mais se perd en chemin, offrant au final une œuvre bancale qui ne parvient jamais à affirmer son identité.

Dès les premières minutes, le film affiche un ton indécis. Ce qui aurait dû être une introduction angoissante se transforme rapidement en une succession de maladresses visuelles et narratives. L’ambiance horrifique cède sa place à une tentative de comédie noire, échouant à la fois sur le registre de l'humour et sur celui de la peur. The Monkey s’efforce de jouer sur le second degré, mais cette ambition se heurte à une mise en scène confuse. L’ironie supposée des situations prête rarement à sourire, et l’on ressent davantage un malaise face à cette maladresse narrative. Là où un humour noir maîtrisé aurait pu enrichir le film, celui-ci ne propose qu’une suite de gags mal dosés, souvent parachutés sans cohérence avec l’ambiance générale.

Stephen King sait écrire des personnages, il sait créer une tension, il sait faire naître l’horreur. Pourtant, ici, on nous impose un singe mécanique possédé, un concept qui avait pourtant du potentiel, mais qui finit par n'être qu’un simple accessoire de comédie absurde. Certes, quelques gags fonctionnent, et il arrive que l’on esquisse un sourire, mais où est la menace ? Où est l’angoisse ? Où est l’enjeu ? J’avoue même avoir ressenti plus de frissons face au singe mécanique de Toy Story 3.

Le problème principal de The Monkey réside dans son antagoniste, ou plutôt son absence d’antagoniste convaincant. Ni le singe, ni le « frère jumeau méchant » ne parviennent à instaurer une réelle tension. Ce singe mécanique, censé être au cœur du cauchemar, se réduit à un simple gadget activé sporadiquement pour justifier quelques morts. Et encore, ces décès à l’écran... Ils ne provoquent aucune émotion. Aucun attachement aux personnages. Ils apparaissent, disparaissent, meurent, et on passe au suivant. Jamais le spectateur ne craint pour eux, jamais il ne se demande qui va s’en sortir. C’est un véritable désert émotionnel.

Cela est d’autant plus regrettable qu’il existait des pistes narratives intéressantes à explorer. Le film aurait pu approfondir les origines du jouet, interroger sur son créateur, expliquer son fonctionnement précis, établir des règles claires... En somme, lui conférer une véritable existence et un véritable poids dramatique. Mais rien de tout cela n’est exploité. The Monkey préfère enchaîner les scènes où le singe tape sur son tambour avec un petit sourire démoniaque, tandis que des personnages s’agitent en arrière-plan. Aucune tentative de construire un mythe autour de cet objet, aucun moment où l’on ressent que ce jouet pourrait incarner une force inéluctable. Il est simplement là, il brille dans le noir, et c’est tout.

Sur le plan de la tension, c’est le néant. Une scène peut sans doute être absurde et effrayante à la fois, mais cela nécessite une construction intelligente. Ici, on se contente d’enchaîner des séquences où les personnages courent dans tous les sens sans que cela n’ait le moindre impact. Le film ne sait sur quel registre s’appuyer : il n’est ni entièrement horrifique, ni véritablement comique. Il navigue dans une sorte de flou artistique, laissant le spectateur perplexe, sans jamais savoir s’il doit rire ou frissonner. Mais si le film lui-même ne sait pas où il va, comment pourrait-on, en tant que spectateur, le suivre ?

Le manque de profondeur des personnages accentue cette sensation de vide. Aucun d’entre eux ne suscite la moindre empathie. Ils apparaissent, disparaissent, meurent parfois, mais la caméra ne s'attarde jamais sur leur sort. Cet enchaînement de scènes déconnectées prive le spectateur de tout attachement émotionnel, rendant chaque péripétie insignifiante.

En définitive, on quitte la salle en se demandant pourquoi ce film existe. Ni comédie efficace, ni film d’horreur abouti, il se contente de flotter dans un entre-deux stérile, sans jamais oser affirmer clairement sa direction. Le film ne procure aucune émotion. On tente vainement de créer une complicité entre un père et un fils, un frère et son autre frère, mais ces tentatives ne servent qu’à combler le vide d’un scénario artificiellement étiré. Rien d'émouvant, rien de captivant, rien de réellement bon. Tout semble vain, incohérent.

The Monkey se noie dans une absurdité non assumée, croyant maîtriser un style décalé qui lui échappe totalement. Devant une salle presque vide, j'étais le seul à rester jusqu'au bout, non par passion pour le cinéma ou par indulgence, mais simplement parce qu’une place aussi coûteuse mérite d'être exploitée, même face à un tel naufrage.

Rien n'est réussi, pas même ce style prétendument décalé. Le film aurait sans doute mieux fait de suivre la recette éprouvée du film d'horreur gore et absurde qui, bien que vite oublié, remplit au moins son contrat sur le moment. The Monkey, s'il devait trouver une place dans l'univers audiovisuel, ne mériterait guère plus qu’un épisode de Black Mirror, et encore, probablement l'un des moins inspirés de la série.

Ne perdez pas votre temps, respectez-le, et épargnez-vous cette véritable acné du cinéma.

LIAMUNIX
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