Il y a quelque chose d’indéniablement plaisant à revoir Vaiana et ses amis sur grand écran, mais quelque chose d’encore plus frappant s’impose : le film, malgré son apparence soignée, nous laisse sur notre faim. Ni véritablement bon ni totalement raté, Vaiana 2 est un étrange entre-deux, un film qui n’ose pas prendre de risques, mais qui déçoit profondément quand on le place à côté de ses prédécesseurs ou des œuvres concurrentes de 2024.
L'animation est impeccable, c’est indéniable. Les couleurs vives de l'île, les tempêtes marines spectaculaires et la fluidité de l'eau nous rappellent la maîtrise technique du studio Disney. Il y a aussi cette quête d’exploration, portée par un dynamisme visuel évident, qui semblait promettre une aventure plus intense. Mais rapidement, tout cela se transforme en une simple promenade sans vraie direction.
Le film souffre d’une construction narrative qui semble avoir été tronquée, une sensation d’inachevé qui se fait de plus en plus sentir à mesure que l’on progresse. Le grand méchant, qu'on attend toute la première moitié du film, n’est qu’un nom, une ombre, une promesse déçue. L’idée d’approfondir cet élément dans une série à venir sur Disney+ est frappante… mais aussi frustrante. C’est comme si le film ne voulait pas s’engager pleinement, préférant garder ses atouts pour l'avenir. Et pourtant, cette stratégie mercantile ne fait que saccager l’expérience cinématographique ici et maintenant.
D’ailleurs, la première partie, poussive et pleine de répétitions, se sent comme un préambule interminable, une série d’événements réchauffés du premier film. L'introduction de nouveaux personnages, censés pimenter l’histoire, ne parvient pas à les rendre intéressants ; l’intrigue traîne, se cherche, sans jamais vraiment nous surprendre. Pire encore, la menace qui semble pointer à chaque coin du film est systématiquement désamorcée à la vitesse de la lumière. La confrontation entre Vaiana et un adversaire potentiel s’éteint aussi soudainement qu’elle a démarré, rendant l’ensemble du film sans enjeu réel. Où sont passées les épreuves qui forgent les héros ?
Le plus frustrant, c’est la sensation de stérilité émotionnelle qui se dégage de ce film. Là où l'animation asiatique en 2024 remue encore quelque chose dans le cœur du spectateur avec des œuvres comme Le Robot Sauvage ou Le Royaume des Abysses, Disney semble figé dans une formule éprouvée mais épuisée, cherchant à plaire à tout prix, mais sans jamais prendre le moindre risque. L’aventure, les sacrifices, l’héroïsme : tout semble vidé de sa substance au profit d’un film aseptisé, prévu pour vendre des jouets et de futures séries, mais rien de plus.
La fin est une triste confirmation de tout ce qui précède. L’impression de regarder un produit sans âme, fabriqué pour séduire sans jamais s’aventurer plus loin que ce que le public attend. Si le premier Vaiana avait capté une magie, une fraîcheur, une ambition, ce deuxième opus semble chercher à se contenter d’une simple répétition du modèle gagnant. Un film qui manque d’ambition, qui est peut-être là pour faire le lien vers un avenir de franchises interminables, mais qui nous laisse, à la fin, l’impression qu’il n’y avait tout simplement rien à raconter.
Il n’est pas mauvais, non. Il n'est pas nul. Il est juste... décevant. Une aventure pleine de promesses, mais qui se contente de les effleurer. On attendait de Vaiana 2 qu’il nous emmène quelque part, qu’il nous fasse ressentir quelque chose, mais il n’y a rien de plus que la poussière d'un rêve en miettes. Le film est une belle coquille vide.
Laissons-le à sa mer de javel et partons à la recherche de lagons plus authentiques, où les poissons n'ont pas été préparés uniquement pour le profit.