Trop bon mais trop court
Tellement maline, ludique et remplie d’idées, on regrette que la série ne pousse pas plus loin sa parodie d’Hollywood et qu’elle ne compte, au final, que 4 épisodes. Ces 4 épisodes permettent à Pixar...
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le 11 janv. 2025
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Derrière Rêves Productions, Pixar réussit un pari ambitieux : transposer l’imaginaire de Vice-Versa dans les coulisses d’une entreprise dédiée à la création des rêves d’une jeune adolescente. Un concept déjà brillant sur le papier, mais qui prend vie de façon audacieuse et pleine de charme dans cette série. L’idée de plonger dans un studio de rêves où les émotions sont en compétition pour offrir à Riley ses visions nocturnes est à la fois simple et profondément original. Et c’est là toute la magie de Pixar : partir d’un monde aussi intime que celui des pensées et des rêves pour en faire un terrain de jeu où le quotidien se transforme en un univers haut en couleur, avec la petite touche de folie et de profondeur qui caractérise le studio.
Ce qui frappe d’emblée, c’est le ton. Rêves Productions adopte un format qui ne se contente pas d’être une série de plus. En jouant avec les codes du mockumentaire, où les personnages s’adressent directement à la caméra, la série instille une légèreté pleine de charme, qui n’empêche pas de glisser quelques moments plus profonds, souvent portés par la grande Paula Persimmon. Cette réalisatrice de rêves en crise — dépassée par les changements de Riley et par les jeunes talents qui montent — fait face à ses propres dilemmes professionnels et personnels, ce qui donne à l’histoire une belle résonance. D’un simple décor de bureau à la farce parfois burlesque, on y trouve aussi des échos plus universels, notamment sur le passage à l’âge adulte.
Un humour tendre pour les grands et les petits
Les personnages de cette mini-série sont à la fois drôles et touchants. Paula, figure de l’ancienne école, se retrouve coincée entre des rêves d’une adolescence qu’elle ne comprend plus et un Xeni, jeune metteur en scène arrogant, dont les ambitions démesurées risquent de mettre tout le monde en péril. Ces personnages décalés apportent une légèreté bienvenue, mais ils sont aussi porteurs de réflexions, parfois sur le monde du travail, parfois sur la difficulté de comprendre une génération qui change. Rêves Productions n’oublie pas que ses spectateurs ne sont pas uniquement des enfants, et ce faux documentaire porte en lui une charge émotionnelle subtile, que l’on découvre plus tard, à mesure que Riley grandit et que ses rêves deviennent plus complexes.
Et c’est là que se cache toute la beauté de la série : elle parle de l’adolescence avec une simplicité déconcertante, sans jamais chercher à la dramatiser outre mesure, mais en capturant l’essence même de cette période de transition. La série ne prétend pas tout expliquer, mais elle parvient à capter, avec une légèreté quasi magique, les petites angoisses existentielles de Riley, ses doutes, ses peurs, mais aussi ses moments d’émerveillement. La vérité, c’est qu’on rit, on se moque des personnages, mais on se reconnaît aussi un peu en eux. Parce qu’au fond, qui n’a pas eu cette envie de maîtriser ses rêves, de choisir comment il souhaite se voir, et par-dessus tout, d’être compris ?
Une esthétique fidèle à l’univers Vice-Versa, mais réinventée
Visuellement, Rêves Productions ne déçoit pas. Pixar fait le choix de conserver sa patte inimitable : des décors riches, des personnages colorés, et des détails infinis qui remplissent l’écran de petites trouvailles qui ravissent les yeux. L’univers de Riley, en pleine transition entre enfance et adolescence, est ainsi transfiguré avec une subtile évolution. Ce qui est particulièrement brillant, c’est la manière dont la série nous montre les rêves : toujours teintés de la réalité de Riley, mais déformés par le prisme de la fabrication, et souvent peuplés de personnages et de situations qui peuvent sembler à la fois absurdes et profondément ancrés dans le quotidien de la jeune fille. Il y a de la légèreté dans ces rêves, mais aussi une touche de mélancolie qui fait sourire en même temps qu’elle nous touche.
L’humour visuel se mêle donc avec une plus grande profondeur de réflexion. La dynamique de la production de rêves, avec ses contraintes, ses deadlines et ses egos, est une belle métaphore du passage à l’âge adulte : comment rester créatif quand le monde, la société, ou même nous-mêmes, nous forcent à voir les choses autrement ? Et cette réflexion, portée par un ton qui mêle humour absurde et émouvant, fait écho à cette idée du passage à l’adolescence, entre rêves d’enfant et premières désillusions.
Une expérience à savourer à deux niveaux
La véritable magie de Rêves Productions réside peut-être dans sa capacité à offrir une double lecture. En tant qu’adulte, on peut se délecter des clins d'œil subtils aux défis de la création, mais aussi aux questionnements propres à l’adolescence. Les scènes de crise existentielle entre Paula et Xeni, ou les réflexions sur l’évolution de Riley, résonnent plus fort avec une expérience de vie passée, avec le recul du temps. Mais si vous regardez cette série en tant qu’enfant ou avec un enfant, vous verrez un univers drôle et coloré, un univers de rêves fascinant où tout semble possible. Les rêves de Riley ne sont-ils pas les nôtres aussi, quelque part ?
Rêves Productions s’impose comme une extension réussie de Vice-Versa, une série qui, en dépit de sa simplicité, recèle une beauté inattendue. À la fin, on se rend compte que la série ne cherche pas à tout expliquer, mais à nous offrir deux couches d’interprétation : une pour le plaisir immédiat des plus jeunes, et une pour la compréhension subtile des adultes. Une série à regarder d’abord pour l’amusement et la fantaisie qu’elle procure, puis à savourer une seconde fois, cette fois avec les clés pour en saisir toute la profondeur. Parce qu’il est vrai, à la fin, que Rêves Productions n’est pas seulement une série à voir. Elle est une série à comprendre.
Créée
le 13 déc. 2024
Critique lue 69 fois
3 j'aime
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