La lande de la moor

Je commencerai par la superbe affiche qui reflète bien, pour une fois, l'ambiance sombre et oppressante du film et qui surtout met bien en évidence son gros point fort, le paysage.

Car c'est la lande du Yorkshire, sa vastitude silencieuse, sa beauté désolée, son infinitude claustrophobique qui ont la vedette, et les personnages humains ne sont que de pauvres petites victimes entre ses "mains". Avec la stature d'un vrai méchant de cinéma, la lande charismatique, mutique et malfaisante exerce une véritable emprise sur les personnages et le spectateur.

Bravo au réalisateur et au directeur de la photo pour avoir si bien filmé ce paysage si particulier, avec sa végétation jaune, sa terre noire, son ciel gris, les pièges de ses tourbières, le vent, les brumes rampantes. C'est un enchantement visuel et sonore.

Grâce à son "héroïne" sombrement charismatique, son ambiance dépressive et son rythme d'une extrême lenteur qui ne plairont pas à tout le monde, le film prend l'allure d'un long cauchemar hypnotique de plus en plus oppressant - ou super chiant si vous n'accrochez pas.

Sur fond de deuil impossible pour un père et de croyances anciennes (lande hantée), le film ne mise pas sur l'originalité du scénario, mais plutôt sur l'ambiance qui s'enfonce dans la noirceur et l'ésotérique, comme les personnages s'enfoncent dans la tourbe sournoise, l'inquiétude et la folie. Le film n'est pas gai et ne vous attendez pas à apercevoir une quelconque lueur d'espoir jusqu'à la fin - fin magnifiquement triste et horrible. L'aspect ésotérique n'est heureusement pas expliqué et reste en suspension comme la brume.

Ça a hyper bien marché sur moi. Je pataugeais dans la tourbe avec les personnages et je croyais sentir et entendre le vent incessant autour de moi.

Tous les interprètes sont bons. Et les moutons sont décidément des vecteurs de frousse incomparables.