Non-content d’avoir ouvert la porte à la bit-lit (mélange de chick-lit, littéralement « littérature pour fille » avec « bit » pour mordre, vampire, tout ça, vous saisissez ?) médiocre et aux romans à l’eau de rose et simili porno (50 shades of Grey, True Blood et j’en passe), notre saga de vampires blanchards et de loups-garou faussement beaux gosses, le bien nommé Twilight, a également ouvert non plus une porte mais un immeuble entier à l’adaptation ciné de ces dits bouquins, déjà à la base tout nazes. Bon, déjà, on a eu la chance d’avoir eu 5 films sur l’amour naissante de Bella et Edward, Vampire Academy arrive sur nos écrans l’année prochaine (vous avez hâte hein ?), l’année dernière on a pu avoir Sublimes Créatures (souvenir impérissable devant ce chef-d’œuvre). Cette année, la poule aux oeufs d’or n’allait pas s’arrêter en si bon chemin. Vous n’êtes sans aucun doute pas passé à côté de l’affreuse déferlante Mortal Instruments, entre les hideuses affiches dans le métro et les bandes-annonce cheaps au cinéma. Le suspens étant à son comble, vous vous demandez donc si Mortal Instruments allait entrer dans notre top 10 de 2013.

Adapté du premier tome de 12 (DOUZE !) bouquins écrit par Cassandre Clare, La Cité des Ténèbres raconte l’histoire d’une jeune ado new-yorkaise, Clarissa, qui découvre un monde qu’elle seule semble pouvoir voir, remplis de vampires, de loup-garous, de monstres et de chasseurs d’Ombre (visiblement des gens avec des capuches qui combattent des méchants, on ne sait pas vraiment en fait). Elle va les accompagner pour délivrer sa mère, dont l’âme a en quelque sortes été capturée par un grand bad guy (Jonathan Rhys Meyer, qui avait visiblement des factures à payer). Dans ces Chasseurs d’Ombre, un mec dont elle tombera sous le charme dès le premier regard campé par Jamie Campbell Bower (le gamin relou de Sweeney Todd qui beuglait « I feel you Johanna » c’était lui) et son meilleur ami amoureux d’elle -notez le triangle amoureux-, campé par Robert Sheehan (Nathan de Misfits, qui a d’ailleurs arrêté la série pour s’occuper de sa carrière au cinéma, on rigole quand on voit ça). Voilà. C’est à peu près le pitch de base.

Commençons par ce qui va bien dans le film.

Voilà.

Concrètement, il n’y a à peu de chose prêt rien à sauver dans Mortal Instruments. Confier le film à Harald Zwart, réalisateur de Cody Banks, la Panthère Rose 2 et The Karaté Kid n’était peut-être pas une bonne idée. Inutile d’argumenter longtemps : on est face ici à un téléfilm M6. Réalisation de yes-man, en mode pilotage automatique, et en partie à côté de la plaque, la mise en scène ne sortira pas une seule fois des sentiers battus et surtout, n’insufflera pas le souffle épique qu’on aurait pu espérer entrevoir à certaines scènes. On retiendra un passage cependant : le premier baisé des deux tourtereaux : sur un pont, dans un jardin, avec une musique pop, sur fond vert (à l’image du reste des effets spéciaux), un arc-en-ciel et de la pluie. Ca vous met tout de suite en condition devant la chose. Le reste est sans âme et absolument sans intérêt, on s’ennuie profondément.
La faute également au scénario à l’image de tous les autres produits vampiresques qu’on nous sort constamment. Un triangle amoureux dont on n’a strictement rien à secouer, un twist bidon (à base d’inceste, oui oui), un méchant qui apparaît n’importe comment à 10 minutes de la fin, une menace inexistante. Et comme d’habitude, la moitié du film n’est pas expliqué ni compréhensible. On nous sortira l’éternel argument absolument détestable du « oui mais si tu as lu le livre tu comprends mieux ». Mais je n’ai pas lu le livre, je ne compte pas le lire, donc ce serait pas mal qu’on m’explique certaines choses, pour autant que je sois intéressé à les comprendre, tant le long métrage ne tente pas une seule fois d’impliquer son spectateur dans son développement.

Et pour incarner ces superbes personnages sous-développé ? En tête d’affiche, Lily Collins, probablement le seul intérêt qu’on pourrait porter au film tant la petite semble être impliquée dans son rôle (en plus d’être terriblement jolie). Dommage quand on voit ses acolytes qui semblent aussi peu motivés que nous, avec en tête un Jamie Campbell Bower insupportable au charisme proche d’une moule. Preuve qu’on pouvait faire plus inintéressant que Edward dans Twilight (notez quand même qu’il a joué un Volturi). Lena Headey doit avoir quelque chose comme deux phrases et on ne la verra qu’inconsciente pendant 30 minutes. Robert Sheehan est un peu convaincant dans son rôle de garçon bête et touchant mais son personnage pose tout le problème : bouche-trou pour assurer un triangle amoureux bidon. Et Rhys Meyer s’est perdu -et de toute façon on ne le voit que quinze minutes-.

Difficile de résumer un tel ramassis d’idioties. Si vous donnez des cours de mise en scène, de production, de théâtre, ce film illustrera parfaitement vos leçons des choses à ne pas faire. Le film s’est mangé aux Etats-Unis, on espère que ce sera la même chose ailleurs, histoire qu’on arrête le massacre. Au moins devant Twilight, on pouvait rigoler un peu avec quelques bières. Là ce n’est même plus le cas. Mortellement ennuyeux.
AlexLoos
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le 14 oct. 2013

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