Après avoir réalisé une petite dizaine de courts-métrages en une décennie, Ryan Spindell développe son premier long avec The Mortuary Collection.
L’auteur opte pour un film à sketches. Un choix étonnant puisqu'habituellement ces projets sont affectés à plusieurs metteurs en scène.
Pour autant, l’approche est pertinente. En pilotant entièrement le fil rouge ainsi que les récits annexes, l'homme s'assure d’une uniformité visuelle sur l’ensemble. Il permet aussi de se confronter aux impératifs propres au format long tout en retrouvant une base déjà éprouvée sur ses courts-métrages.
En effet, il est courant dans de telle œuvre que les récits soient inégaux. On se retrouve souvent avec des segments plus marquants que d’autres. Lorsqu’il est présent, le fil conducteur est souvent délaissé et ne sert que de levier artificiel justifiant la présence des histoires.
L’auteur semble avoir conscience de ces enjeux.
Il prend le temps de nous présenter le lieu ainsi que les personnages motivant les contes à venir. Il légitime ainsi le format choisi. La maison funèbre devient le lieu central pour comprendre l'Histoire de la bourgade et ses sombres secrets.
Chaque conte macabre se déroule dans une décennie différente. Il dresse ainsi une chronologie morbide de la contrée. Les événements se déroulent dans une ville fictive mais il ne serait guère étonnant que celle-ci se situent dans le Maine. En effet, œuvre de genre oblige, les péripéties sont peuplées de monstres parfois fantastiques et parfois bien humains. Esthétiquement, le rendu des créatures est particulièrement réussi et facilite l'acceptation des situations retranscrites.
Sur cet aspect, les sketches sont plutôt imaginatifs. Les thématiques sont variées. On se laisse porter par les trajectoires tragiques de ces victimes en devenir. Le fait que certains sorts soient prévisibles n'entachent en rien le plaisir que l’on a à suivre ces péripéties.
Pour se faire, un second degré est assumé tout au long du film. Ainsi, on s'amuse des situations même si l’on devine certaines évolutions.
Par ailleurs, le rôle du narrateur est entièrement intégré dans le scénario. De ce fait, certains reproches que l’on peut formuler se trouvent être évoquer par son interlocuteur.
L’écriture est donc intelligente et pertinente en tout point.
En somme, Ryan Spindell réalise une œuvre maîtrisée de bout en bout. Il réussit à éviter les écueils récurrents à ce type d’entreprise.
Le passage au format long est donc un franc succès. Il sera intéressant de suivre les futurs projets du metteur en scène afin de voir comment celui-ci s’en sort sur un film composé d’une seule et unique intrigue.