Poison Girl
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THE NEON DEMON est a la fois riche en références et complètement en phase avec la patte de son auteur. Tout en maintenant son style très "clipesque", Nicolas Winding Refn expose une vision bien acide du monde de la mode et des comportement humains. Le propos du film est développé avec une certaine subtilité, sans morale appuyée ou au contraire un certain flou dans son illustration.
Nicolas Winding Refn fait partie de ces cinéastes cinéphiles. Il entretien une culture du 7eme art (et d'autres aussi, comme tout bon artiste) qui ne cesse l'inspirer. A l'image de Tarantino cela ne l'empêche pas de trouver sa propre voix et de rester plus dans l'hommage que la plagiat. On peut voir énormément de références dans THE NEON DEMON. Certaines comparaisons sont plus évidentes que d'autres;
D'abord, il y a une influence nette et précises qui vient du Giallo. Cela peut paraitre étrange d'aborder la thématique du mannequinat et ses débordements par le biais de ce courant de l’horreur, mais ce choix prend très franchement du sens au fil de l'intrigue.
Ensuite, la parallèle avec BLACK SWAN semble inévitable. Darren Aronofsky, déjà, avait fait le pari d'utiliser les codes de l'épouvante pour faire passer l’horreur qui peut se cacher en coulisse. Comme avec Nina Sayers (le personnage de Natalie Portman) et sa dualité entre cygne blanc et cygne noir, Jesse (Elle Fanning) est entrainée dans un système provocant l'aspiration qui la transforme en une sorte de monstre. Le message passe par des images, des métaphores accentuées qui illustrent le propos plutôt que de le porter par une parole pouvant facilement tourner au discours manichéen. C'est beaucoup plus ambitieux de transmettre une idée par le ressenti plutôt que par un argumentaire.
Au risque de passé pour un mono-maniaque auprès de ceux qui connaissent mes attaches artistiques; THE NEON DEMON m'a beaucoup fait penser au géant MULHOLLAND DRIVE. D'abord pour les mêmes raisons que la parallèle faite à BLACK SWAN juste avant, mais aussi pour cette même ambiance sombrement onirique. Les jeux de lumières, la musique, les décors et costumes nous plongent dans une atmosphères aussi belles qu'angoissante, à l'image d'un fantastique cauchemar. On retrouve avec Jesse un peu de cette fascinante ambiguïté qui habitait le(s) personnage(s) de Naomi Watts dans le chef-d’œuvre de David Lynch.
Dans un tout autre registre, THE NEON DEMON exhibe aussi la vacuité et l'outrance dans laquelle une certaine jeunesse est entrainée, ce qui renvoi au surprenant SPRING BREAKERS. Au-delà du même compositeur, le magistral Cliff Martinez, les deux films partagent une mise en scène spectaculaire de cette décadence par la forme du vidéo-clip, ce qui est loin d'être idiot quand on se penche sur une génération bercée par MTV.
Malgré toutes ces influences (siennes ou nôtres), THE NEON DEMON est fort d'une singularité qui devrait le rendre mémorable. Nicolas Winding Refn est un réalisateur brillant et il trouve ici encore des idées lumineuses. En plus d'avoir un sens de l’esthétique à couper le souffle, sa mise en scène est d'une précision rare et trouve des symboliques franchement astucieuses. La scène du night-club, la pudeur avec laquelle est filmée Elle Fanning, le fond blanc du shooting photo, autant de détails qui font le spectacle et le récit. Comme à son habitude, Nicolas Winding Refn fait l'économie du mot, sans tomber dans le néant scénaristique, loin de là. Ce sont les regards, les situations, les comportements et les digressions imagées qui transmettent les enjeux.
THE NEON DEMON est un clip électrisant porté par l'excellente bande-son de Cliff Martinez et le visuel fascinant signé Nicolas Winding Refn. Une œuvre bien acide où l'être humain cultive l'ambition avec vacuité et nocivité.
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Créée
le 14 juin 2016
Critique lue 367 fois
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