Poison Girl
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le 8 juin 2016
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Il était une fois des néons qui clignotent et qui éclairent de leur lumières vive inhumaine, rouge, violette, bleue et verte, des flashent qui crépitent dans de grandes pièces vides et des beautés de cire, des visages de porcelaine, des corps de lait dans un monde d'apparence, un monde plastique où règne le dieu beauté.
Il était une fois un monde où tout est faux, les visages figés, les sourires crispés, les regards vides, les relations calculées, les amitiés manipulées, les conversations robotisées, les lumières saturées, les paysages délavés, le ciel fantasmé, les pièces blanches, les couloirs sombres, les façades fluorescentes, les sensations identiques, les illusions collectives, les rêve partagés. La beauté vénérée.
Un monde où la beauté n'est pas tout, mais où elle est la seul chose qui importe. Un monde où la beauté permet d'atteindre les sommets et peut vous conduire six pieds sous terre. Un monde où la beauté cristallise les illusions, les espérance, les rêves, les insécurité, les doutes, les complexes, les envies, les fantasmes, les obsessions, les jalousies, les rancœurs, la haine. La violence. Un monde où vos démons vous regardent fixement dans le miroir.
Un monde dans lequel arrive une jeune fille qui veut réussir, qui veut devenir quelqu'un, qui veut devenir célèbre. Une jeune fille qui ne sait pas chanter, qui ne sait pas danser, qui ne sait pas écrire mais qui est belle. Une jeune fille vers qui tout le monde se retourne, que tout le monde regarde partout où elle va, comme le soleil en plein hiver. Une jeune fille qui va accomplir ce dont toutes rêvent depuis des années en quelques jours, parce qu'elle à ce petit quelque chose en plus, immédiatement perceptible mais impossible à définir. Une jeune fille qui va briser les illusions de celles qui étaient là avant elle dans ce monde fait de désir, de haine et d'humiliation.
Parce que The Neon Demon est un conte de fées avec ses princesses, ses robes de princesses dorées brillantes, ses musiques de princesses étoilées sur basses bien grasse et même son château de princesses avec son dédale de grandes pièces pastels. Un conte de fées impitoyable dans un monde fluorescent sans merci ou les princesses passent leur temps à se regarder dans le miroir, comme Cendrillon. Un conte de fées où la princesse abandonne son prince pour rester dans le petit cercle fermé de sa réussite. Un conte de fées où blanche neige et la sorcière sont une seule et même personne, prête à tout pour être la plus belle de toutes. Un conte de fées avec son inévitable passage de baiser sur lit de mort à la fonction inversée, qui au lieu de réveiller la princesse endormie vient présager son triste sort, qui au lieu de concrétiser toute la beauté de son histoire vient finaliser son absurde répugnance. Un conte de fées où les princesses s'entretuent et se regardent mourir derrière leurs grosses paires de lunettes de soleils aux verres fumés pour être la plus princesse de toutes les princesses dans cet univers corrompu par l'apparence.
Un triste conte de fées du XXIème siècle.
Parce que The Neon Demon c'est la perfection plastique.
Fausse, vide et outrancière.
Comme l'univers qu'il dénonce.
Un univers qui n'est rien d'autre que notre propre société, poussée vers sa plus implacable extrémité.
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Créée
le 9 juin 2016
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