Poison Girl
Bon allez, pas d’introduction bien tournée pour cette fois, pour éviter toute confusion et parce qu’on colle des procès d’intention au film pas tout à fait pertinents, je vais commencer par quelques...
Par
le 8 juin 2016
196 j'aime
45
Bonsoir. Ceci sera une chronique de mon visionnage de THE NEON DEMON, et Ô grand Dieu il s'en est passé des choses durant ce visionnage.
Contextualisons : j'ai découvert Drive 5 ans après tout le monde, mais ça ne m'a pas empêché de l'apprécier à sa juste valeur. D'avoir trouvé ça génial, envoutant, maitrisé, beau. La patte Refn avait griffé mes yeux de rouge et de bleu.
Quelques semaine plus tard, SensCritique, que je salue, lance un jeu concours pour gagner des places pour une avant-première de The Neon Demon, nouveau film de NWR, que je n'attendais pas spécialement, mais la présence de Elle Fanning me motive a participer.
Je me retrouve donc devant ce cinéma dans le XIXème, à faire la queue. Je vais voir Elle Fanning en vrai, ça fait quelque chose. J'allais voir un film de NWR au cinéma, en sachant que ça pouvait être une potentielle grosse claque.
On rentre dans la salle, et après débarquent NWR et Elle Fanning. NWR commence à faire des blagues, Elle Fanning y rigole timidement.
Le film commence.
Par un générique auquel j'avais d'ores et déjà envie de mettre 10/10. Un fond coloré, cristallisé, sur lequel apparaissent les 3 lettres les plus prétentieuses de la galaxies : un énorme N-W-R.
Une musique électro signée Cliff Martinez, qui a composé ici une BO dantesque. Le titre apparait sous des paillettes qui virevoltent, et le voyage commence.
Ce qu'on voit en premier, c'est Elle. Avachie sur un divan, ensanglantée, la caméra recule, et nous fait comprendre que ce n'est qu'une mise en scène, un shooting. Ce personnage, c'est Jesse, jeune mannequin qui vient de débarquer à Los Angeles pour faire carrière. Elle Fanning est transcendante. J'avais déjà remarqué ça dans certains de ses autres films et court-métrages, mais là, la voir en vedette d'un film de cet acabit, et surtout la voir s'en sortir comme ça, c'est impressionnant. Elle est pleine de justesse, de candeur, d'expression, il suffit qu'elle esquisse un minuscule sourire, un mouvement de lèvres, pour exprimer 10 000 trucs.
Mais le film n'est pas qu'elle. Il est aussi Lui. Nicolas Winding Refn, qui donne ici tout ce qu'il a. Je parle de l'image, et je ne sais même pas si c'est lui ou son chef op' que je dois vénérer, mais chaque plan est incroyablement beau ! Des couleurs qui forgent un univers de Néons.
Si Nicolas est un maitre de l'image, je ne sais pas si l'on pourrait en dire autant pour le scénario, qui est, comme le lui reproche tout un tas de gens, assez creux et vide. Personnellement ça ne m'a pas gêné, car l'histoire, il y en a une. Simple, mais présente. Or parfois, le film sort de ce canevas et part dans des dérives expérimentales, comme des scènes d'hallucination, ou ne sont présentes que la musique enivrante de Cliff Martinez, et les couleurs "rouges assassines" ou "noir réglisse" des rouges à lèvres des mannequins du film. Quoiqu'il en soit, le film pourrait trainer en longueur à cause de ça. Mais il n'en est rien. J'ai eu la même sensation qu'avec Drive, c'est à dire que je me rends compte que le film est parfois long, mais je n'ai pas envie qu'il s'arrête, tant il est beau et passionnant. Un film qui fait écarquiller nos yeux.
Nan, honnêtement, pendant tout le film j'ai cru que j'allais mettre 10. Seule la fin m'a laissé sur la mienne, de faim. La scène finale, qui pour le coup tourne vers le malsain, n'était peut être pas le meilleur moyen de conclure ce quasi-chef d'oeuvre.
Mais pourtant, NWR nous avait prévenu avant le début du film :
J'espère qu'il vous choquera.
Le générique de fin défile, tandis que reviennent Elle Fanning et NWR.
Il faut savoir que, avant la séance, le réalisateur nous avait dit (véridique) :
"Pendant le générique de fin, réfléchissez à des questions, nous répondrons aux meilleures, nous rejetteront les autres. Les meilleures questions permettront de gagner un cadeau. Nous répondrons à 70% de questions de femmes, 30% de questions d'hommes. Les homosexuels ont droit à 2 questions."
Et donc à la fin, les 2 s'installent et attendent des questions. Car si le film était très intéressant, les questions et leurs réponses (quand il y en avait) l'étaient tout autant, et prouvent que le film en a interrogé plus d'un. C'est pourquoi je vais répertorier les meilleures ici (je suis quand même sympa).
Déjà, Nicolas Winding Refn s'est avéré être quelqu'un de très drôle. Très cynique. Et capable de mettre des vents monstrueux, et de lancer un "Rejected!" à une question pourtant très intéressante.
Concernant sa signature en énorme au début du film, un spectateur demande : "Votre nom est en quelque sorte devenu une marque, comment vous le vivez ?" Un autre aborde les scènes typiquement musicales et "délire artistique" dont je parlais plus haut. Il demande comment s'écrivent ces scènes. Un autre encore parle des couleurs, de leur rôle.
A tout cela, NWR dit qu'il ne fait pas de story board. Qu'il a tourné le film dans l'ordre chronologique. Il ne répond pas à la question. Il précise aussi être daltonien, et donc faire en sorte que son film ressemble à ce qu'il voit, d'où l'utilisation massive de rouge.
Un mec a dit à NWR qu'il critiquait dans ce film le monde de la mode, mais que pourtant son film était esthétiquement très travaillé, et donc à l'image du monde de la mode où tout se joue sur l'apparence : est-ce qu'il n'avait pas peur que ces critiques se retournent contre lui ?
Ce à quoi Refn répond : "Je ne critique pas le monde de la mode, ce serait ridicule de le faire car c'est un univers passionnant, moi-même j'aime beaucoup la mode". Elle Fanning dit qu'elle aussi. Mais jugeant cette question trop ennuyeuse, il passe à quelqu'un d'autre.
"Finalement, qui est The Neon Demon". Et c'est vrai ça, qui est-ce ? Bonne question, à laquelle Elle Fanning commence à répondre qu'elle ne sait pas très bien, qu'au début elle pensait que ce démon était la ville de Los Angeles, puis que ça pouvait être son personnage, Jesse. NWR pense que ça peut aussi être un sentiment, celui du manque de confiance en soi, ou bien la beauté tout simplement.
Mais c'est vrai que le film met vraiment en parallèle les univers de la mode et de la mort. Le "Démon" dans le titre le suggère, mais le fait que Ruby, la maquilleuse, travaille à mi-temps à la morgue, qu'une mannequin has been ait l'impression d'être "un fantôme", que des images sanglantes reviennent plusieurs fois, depuis la scène d'ouverture où Elle est couverte de faux sang, à la scène où une mannequin se jette sur Jesse qui vient de se couper pour lui sucer le sang…
…que ces mêmes mannequins essayent plusieurs fois de la tuer, et finissent carrément par la manger, à la fin.
Et tiens, puisqu'on parle de mort, quelqu'un demande également à NWR s'il croit à la réincarnation de ses personnages, dans ses différents films. Il dit que dans les précédents, les personnages principaux sont indéniablement liés, or ici le personnage principal est directement lié à Elle Fanning. Qu'il s'est d'ailleurs très bien entendu avec celle-ci.
En chaque homme se trouve une fille de 16 ans. Pour moi, c'est Elle. On s'est très bien entendus, la première fois qu'on s'est vu, on a chanté des chansons de La Reine des Neiges.
Mais NWR dit surtout que ce film est une conclusion de sa filmographie, que tous ses films mènent à celui-ci. Et c'est vrai que l'univers du film, très esthétique et coloré, mais aussi avec une face cachée violente, celui de la mode, est le meilleur sujet pour un film de NWR.
Questions inspirations, Elle Fanning voulait s'inspirer de Dorothée dans le magicien d'Oz, cette fille qui débarque dans un monde presque fantastique dont elle ne connait rien. Refn, quant à lui, quand on lui demande si il s'est inspiré de Tarantino pour certains combats au couteau, répond un simple "Nope."
Je ne suis pas le meilleur réalisateur de tous les temps. Mais je veux être le meilleur réalisateur du genre de films que je fais.“
- NWR
Elle Fanning raconte que, lorsqu'elle a rencontré le réalisateur, la première chose qu'il lui a demandé est : "Te trouves-tu jolie ?". Une question qui l'a mise très mal à l'aise, car elle trouve qu'aujourd'hui, paradoxalement, dire que l'on est beau est à la fois mal vu, mais que d'un autre côté il faut assumer son corps, s'assumer tel que l'on est -que l'on soit beau, ou pas.
Mais Elle et Nicolas se fichent de ce que l'on pense aujourd'hui.
We're from the future.
Voilà ce qu'ils nous avaient lancé au début des Questions/Réponses.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les plus belles claques esthétiques, Les films aux meilleures bandes originales, Les meilleurs films avec Elle Fanning, Les meilleurs films avec une héroïne et Les meilleurs films de 2016
Créée
le 5 juin 2016
Critique lue 674 fois
8 j'aime
3 commentaires
D'autres avis sur The Neon Demon
Bon allez, pas d’introduction bien tournée pour cette fois, pour éviter toute confusion et parce qu’on colle des procès d’intention au film pas tout à fait pertinents, je vais commencer par quelques...
Par
le 8 juin 2016
196 j'aime
45
Le temps d'un plan, j'y ai cru, au point d'en avoir une demie molle. Le temps d'un opening theme fracassant, me renvoyant au temps béni de Blade Runner, et dont les basses me parcourent l'échine avec...
Par
le 20 juin 2016
193 j'aime
6
Il était une fois des néons qui clignotent et qui éclairent de leur lumières vive inhumaine, rouge, violette, bleue et verte, des flashent qui crépitent dans de grandes pièces vides et des beautés de...
Par
le 9 juin 2016
149 j'aime
6
Du même critique
Alors… Il était une fois en Amérique est un film qui avait une réputation assez incroyable, et dont on m'a plusieurs fois fait l'éloge; et comme j'avais déjà apprécié Il était une fois dans l'Ouest...
Par
le 4 déc. 2014
20 j'aime
34
Une cinexpérience sans un bagage suspect à la gare qui empêche le RER C de s'y arrêter ne serait pas une bonne cinexpérience. On a été spoilé du nom du film par Jean-Sens Critique qui distribuait...
Par
le 7 janv. 2017
17 j'aime
1
Ceci est un extrait de ma vie entre le moment où je suis rentré dans la salle de Climax et le moment où j'en suis sorti. Donc ça
Par
le 20 mai 2018
11 j'aime
5