Critique n°311:" On a une fête ce soir?"

Voilà le film qui va faire jaser une bonne partie de la critique du monde entier: c'est le nouveau film du plus narcissique des réalisateurs de notre génération, NWR alias Nicolas Winding Refn. Quand il sort un film c'est un événement, depuis son chef d'oeuvre DriveRyan Gosling livrait le rôle de sa carrière et confirmait toutes les attentes placées en lui, les films de NWR sont attendus comme des messies pour une grande communauté de fans. Personnellement, je suis un grand fan mais pas encore au point d'attendre ces films comme les messies de l'année de leur sortie.


Quand on va voir un film de NWR, il y a plein de questions qui trottent dans la tête: qu'est-ce qu'il va nous faire cette fois-ci? Quelles actrices vont jouer dedans? Est-ce que l'atmosphère va être dérangeante? Bref, tout un tas de questions qui font de NWR, un des réalisateurs les plus emblématiques de sa génération mais également un des plus détestés car le personnage est tout sauf humble. C'est d'ailleurs ce qui fait sa force, NWR ne fait pas un film pour un public, NWR fait un film parce qu'il a envie de faire un film. Nous nous retrouvons donc devant The Neon Demon, film qui parle de la mode et du supplice que les jeunes filles doivent subir pour devenir des mannequins. Mais, comme à son habitude, NWR glisse derrière cette histoire, une jalousie maladive entre ces personnages, et c'est là que le film va puiser sa force.


Il y a plusieurs mots qui me viennent quand je veux décrire ce film, je vous propose quelques exemples: dérangeant, flippant, glaçant, bluffant, magnifique. Pour moi, ce n'est pas le meilleur film de NWR, il manque quelque chose pour arriver au même niveau que Drive qui plaçait la barre vraiment très haute. The Neon Demon s'inscrit dans une possible trilogie dissociée car oui, la dissociation est la marque de fabrique de NWR; Très peu savent que Drive, Only God Forgives et le Guerrier Silencieux forment une trilogie, pourtant, rien ne relie tous ses films si ce n'est le syndrome de l'homme dans la tourmente. C'est pour cela que je pense que The Neon Demon va lancer une nouvelle trilogie autour d'un personnage féminin cette fois-ci.


Quelles sont donc les grandes forces de ce film? Premièrement, l'histoire est particulièrement intéressante mais totalement incohérente.,C'est surprenant de voir un film où des plans s'enchaînent sans aucun rapport à part le fait que les personnages prenant place dans ces plans sont les mêmes que pour les précédents. Ainsi, vous pouvez voir le personnage de Jesse faire quelque chose puis voir un plan d'autres personnages sans importance en faire une autre à la suite. Cela vous parait complètement absurde? Et bien pourtant, vous regardez un film de NWR, donc, l'absurdité est la marque de fabrique de ce génie danois.


Autres points forts de ce film, la mise en scène et j'entend par là, la direction artistique allant du positionnement des acteurs à la bande son utilisée dans le film. Je ne suis pas fan de Elle Fanning, je la trouve inexpressive mais elle m'a surpris dans le bon sens du terme cette fois-ci, elle parvient à rester crédible dans un rôle dans lequel je ne l'aurai pas du tout vu. La grande force du casting repose sur les épaules de Jena Malone, une actrice vraiment intéressante, malheureusement habituée des seconds rôles. Mais, dans The Neon Demon, on peut dire qu'elle joue le second rôle principal. Elle est sublime et dérangeante à la fois elle parvient à nous éblouir tout en nous dégoûtant, bref, une performance exceptionnelle qui j'espère, la révélera enfin au grand public.


Continuons par la bande son. Si il y a bien quelque chose dont on ne peut pas dire du mal dans les films de NWR, c'est la bande son. Déjà dans Drive la chanson Nightcall du dj Kavinsky illuminait le film de toute sa puissance. Une nouvelle fois dans The Neon Demon, NWR laisse parler sa musique pour nous placer dans une ambiance absolument impressionnante de réalisme. Pourtant, quand on regarde de plus près, ce ne sont que des boom boom aléatoires, mais ils sont utilisés de manière à paraître banal, c'est tout une direction musicale qui fonctionne main dans la main pour obtenir un mélange psychédélique.


Bilan


Une nouvelle fois, NWR nous présente une oeuvre, ce n'est pas un film, c'est une oeuvre de NWR. Il nous propose une critique saignante du monde de la mode, présentant un personnage gonflé aux stéréotypes, jalousé des autres personnages mais diaboliquement parfait. Servi par une bande son tout à fait dans le ton du film, le nouveau film de NWR ne manquera de faire couler beaucoup d'encre et d'animer les soirées films des plus fans d'entre nous.

Bastien Rae

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