Poison Girl
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le 8 juin 2016
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Si le cinéma de Nicolas Winding Refn se concentrait jusqu’ici plutôt sur la figure masculine, The Neon Demon nous entraîne cette fois dans un monde fondamentalement féminin, où les hommes apparaissent comme des êtres secondaires. Un monde fantasmagorique entièrement régit par la beauté. Le récit a toutefois la bonne idée d’aller au-delà de la simple critique de l’univers de la mode, déjà maintes fois abordée par le passé, en évoquant davantage les apparences et nos rapports à celles-ci. Une nuance que le cinéaste exploite à merveille, n’hésitant pas à faire basculer l’histoire dans l’horreur, à travers une dernière demi-heure aussi sanglante que symbolique. Symbolique, le long-métrage l’est abondamment dans sa façon de représenter cette société complètement gangrenée par sa quête de perfection narcissique. Il suffit d’observer la multitude de miroirs qui se succèdent à l’écran pendant près de 2 heures pour s’en convaincre, les apparences dominent et les relations humaines se tendent. Sans parler du fameux « Neon Demon », un triangle inversé – rappelant inévitablement la forme du sexe féminin – rempli de symboliques et qui suscite immédiatement tant de questions.
Ses apparitions sont nombreuses et variées, et en disent long sur les personnages. En parlant des personnages, leur écriture est nettement plus fine qu’on pourrait le croire au départ, et les dialogues, plutôt anecdotiques à première vue, prennent soudainement tout leur sens à mesure que Jesse s’abandonne à cet univers dangereusement centré sur la beauté physique. Plus qu’un élément central de l’intrigue, la beauté s’impose surtout ici comme un formidable sujet de réflexion et une véritable mécanique de mise en scène. Chaque plan semble effectivement minutieusement préparé et transcende littéralement le récit, une constante dans le cinéma de Nicolas Winding Refn. Des couleurs aux lumières, en passant par les mouvements de caméra et les ralentis, l’image nous éclabousse en effet de toute sa beauté. Elle représente, à elle seule, l’un des intérêts majeurs du long-métrage. Et que dire de la bande originale de Cliff Martinez si ce n’est qu’elle contribue, elle aussi, pleinement à l’incroyable expérience sensorielle et émotionnelle que le film procure. Angoissante à souhait, la musique fait souvent penser aux compositions d’Angelo Badalamenti, le partenaire musical privilégié de David Lynch.
Enfin, Elle Fanning complète le tableau, déjà très enthousiasmant, par une performance prodigieuse dans la peau de cette jeune fille tour à tour proie et prédateur. D’une subtilité rare, l’actrice capture avec brio des instants mémorables. Impressionnante, phénoménale, éblouissante… les adjectifs ne manquent pas pour qualifier sa prestation. A ses côtés, Jena Malone se révèle au grand jour dans un rôle extrêmement complexe, qu’elle endosse sans fléchir. A l’instar de sa jeune partenaire, elle bénéficie, elle aussi, de plusieurs scènes déjà cultes. J’en veux, par exemple, pour preuve l’étonnante séquence de la morgue. Tandis que Bella Heathcote et Abbey Lee ne déméritent pas en figures féminines profondément superficielles. Par la nature même de leur personnage, l’une comme l’autre participent à la réflexion que propose le film, notamment dans la direction horrifique empruntée à la fin. Signalons aussi pour terminer l’interprétation honorable de Keanu Reeves, dans un registre qu’on ne lui connaît pas forcément, et celle plus mineure, mais attachante, de Karl Glusman.
Pour toutes ces raisons, The Neon Demon s’impose donc comme une œuvre absolument fascinante, aussi hallucinante sur la forme que stimulante sur le fond. Autour du thème de la beauté, Nicolas Winding Refn décortique les relations humaines dans un défilé sensoriel et émotionnel renversant. Un film clivant mais magistral, duquel s’extrait avec charisme la fantastique Elle Fanning.
https://cinerama7art.com/2016/06/16/critique-the-neon-demon/
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